3/01/2010

Liars INTW - Intelligence contemporaine.




Génie atypique de la scène New Yorkaise, Liars ne possède pas moins de cinq albums à son actif, dont le dernier Sisterworld est sorti au début du mois de mars. Liars est un groupe dont la sagacité et l’originalité résident dans un renouvellement perpétuel du rock expérimental.
Remise aux goûts du jour, utilisant des méthodes créatives en tout genre, l’expérimentation devient un jeu dont le groupe se délecte volontiers. Cette recherche constante de l’innovation ne se fait pas sans mal puisque le Line Up du groupe subit de manière récurrente les aléas de ces revirements créatifs.

Sisterworld a été écrit et enregistré à Los Angeles sous le joug de Tom Biller (Karen O And The Kids, Elliott Smith, Kanye West…). Basé sur une toute nouvelle expérimentation, l’album semble sortir d’un autre espace-temps. Les morceaux Scissor et Scarecrows On A Killer Slant (NDLR : disponible en libre écoute sur leur page Myspace officielle) oscillent allégrement entre rock expérimental, post-punk et musiques électroniques. Les multiples associations auprès de groupes tels que Radiohead, Interpol ou encore TV On The Radio, avec lesquels ils ont travaillé et tourné, semblent avoir laissé une marque indélébile dans les compositions de l’album.

Lorsque les membres actuels de Liars, Aaron Hemphill (percussion, guitare, synthé), Julian Gross (batterie) et Angus Andrew (chant, guitare) sont de passage à Paris pour leur marathon promotionnel avant la sortie du disque, c’est avec empressement et un humour décadent qu’ils nous accueillent et nous parlent de leur dernier-né…


Votre dernier album est sorti il y a trois ans, le prochain est prévu pour mars. Qu’avez-vous fait entre temps?

Liars: on a fait cet album! A Los Angeles… En fait le dernier album est sorti fin 2007, et celui-ci sort début 2010, donc en fait, ça fait plutôt 2 ans. Et on était en tournée en 2008 avec ce groupe dément, Radiohead. Vous en avez peut-être entendu parler, ils sont pas très connus (rires).


Vous sortez actuellement votre 5ème album alors que l’industrie de la musique est en perte de vitesse. C’est synonyme de succès, non? Qu’est-ce que cela vous fait?

Liars: Oui, c’est très important pour nous. On a beaucoup de chance et on a tous le sentiment que Mute Records essaie vraiment d’apporter de la musique au public. J’imagine qu’une partie de l’industrie de la musique va mourir mais les majors vont survivre (Mute a été rachetée par EMI en 2002). Tous autant qu’on est, on a confiance en leur vision pour rester à flot.


Revenons à votre album, qu’est-ce qui est à l’origine de Sisterworld ?

Liars: Et bien.. Sisterworld, c’est l’endroit “away from yourself” où vous voulez aller, que ce soit un espace mental, physique, numérique… Disons que chacun est libre de l’interpréter comme il l’entend, en fonction de soi. Voilà, Sisterworld, peu importe où c’est, est un endroit où l’on s’échappe, loin du quotidien, du monde extérieur.


Le fait d’avoir enregistré à Los Angeles est-il significatif pour vous ?

Liars: Oui, ça nous intéressait d’être là-bas mais de rester en dehors de tout le glamour, Hollywood, tout ça. On pensait aux marginaux, aux gens rejetés et à ce qu’ils font pour avoir une vie correcte. J’ai l’impression qu’ils ont créé leur propre microcosme au sein du monde.


Qu’en est-il de la scène « underground » présente à Los Angeles?

Liars: Oui, bien sûr mais il y a un “underground” partout! Et en plus de cela, quand il y a un underground bien établi, il y a une sorte de double underground qui apparaît forcément. Et dans ces cas-là, cet underground est bien plus agité, il ne s’agit plus tant d’être cool, d’être dans un groupe cool que d’être du côté sombre, caché, invisible de la ville. C’est un endroit où les gens sont tiraillés entre l’envie de communiquer avec le reste du monde et le besoin de rester soi-même, unique, différent.


Sisterworld est-il un retour à vos sources post-punk ou plutôt un prolongement de vos expérimentations noisy pop?

Liars: Euh.. On sait pas trop à quel genre on appartient. C’est vrai qu’on a beaucoup grandi, individuellement et en tant que groupe. Pour une fois on vivait tous dans la même ville, ce qui est rarement le cas, donc on avait plus de temps pour faire cet album. Du coup, toutes les idées qu’on avait eu depuis le début de notre carrière ont pu se concrétiser sur Sisterworld.


Est-ce que vous avez prévu des dates en France prochainement ?

Liars: Oui, nous serons aux Nuits Sonores!


Et que pensez-vous du public français?

Liars: Ah, il est génial! Un des meilleurs au monde! Les gens sont enthousiastes et prêts à faire la fête. Si tu te mets à taper des mains, le public te suit , c’est fou! Mais les français ont aussi de fortes opinions, ils ne s’abandonnent pas tout à fait, ça n’a rien à voir avec un public bourré et surexcité. Comme les anglais par exemple (rires). J’ai l’impression que les français profitent du concert mais restent quand même critiques, enfin, honnêtes, par rapport à ce qu’ils entendent, du genre “ouais, c’était sympa mais vous n’étiez pas au top ce soir”.

Que pouvons-nous donc vous souhaiter pour 2010?

Liars: un joyeux anniversaire? On a tous un anniversaire cette année, c’est dingue!


Sans blague ? Nous aussi!!!

Liars: Wow ! 2010 est une année vraiment incroyable! Plus sérieusement, on sera en tournée toute l’année doc d’abord, souhaitez-nous la santé! Et puis, on va avoir plusieurs musiciens sur scène avec nous, pour reproduire le plus fidèlement possible Sisterworld, donc, ça va nous changer de ce qu’on fait d’habitude.


Combien de musiciens vous accompagnerons sur scène ?

Liars: On ne sait pas! Autant que l’on peut se le permettre, autant que possible!
Par C. R.
Remerciements : Caroline S., Mute Records, JF, Marine M.