9/15/2010

Circa Survive INTW - Un rêve familier.


Interview Circa Survive - Un rêve familier.



Un bref plongeon dans le monde onirique et visionnaire de Circa Survive réveille instinctivement la flamme poétique et irrationnelle qui sommeille en nous.

Leur histoire commence singulièrement par de multiples ruptures. Celles infligées à leurs anciens groupes respectifs Saosin et This Day Forward. Anthony Green retrouve ainsi Colin Frangicetto et c’est ensemble qu’ils vont recruter un à un les autres musiciens. Ainsi, Brendan Ekstrom, Nick Beard et Steve Clifford complètent la formation et apparaît dès lors Circa Survive. Nous sommes en 2005 lorsque leur premier album Juturna voit le jour. Très représentatif de l’évolution du groupe il s’éloigne du style emo punk pré pubère pour s’orienter vers une musique progressive plus atypique et conceptuelle. S’ensuit un deuxième opus, On Letting Go, plus impliqué émotionnellement parlant, chaque membre du groupe y laisse une part de son expérience. Il est vrai que partir en tournée avec des artistes d’envergures tels que Thrice, Coheed And Cambria, Pelican ou encore The Used est particulièrement formateur et marque les esprits de manière indélébile. On Letting Go sonne sur la base comme Juturna, mais c’est dans le fond que prédomine sa différence. Il évoque un lyrisme infini et pénétrant, amenant parfois à une introspection imprudente mais légitime.

C’est fin 2008 que de nouvelles compositions font leur apparition en live pour clore la tournée promotionnelle de On Letting Go. L’indicible titre Frozen Creek semble alors le premier né d’un nouvel album en préparation. Il faudra pourtant que les fans s’arment d’indulgence et de constance car malgré l’accord parfait entre les membres du groupe, l’album tarde à sortir.
En effet, un morceau n’est pas suffisant pour compléter un disque et à cette époque, l’inspiration semble être plus efficace lorsqu’il s’agit de leurs projets solo respectifs que dans Circa Survive. Fort heureusement, c’est au terme d’une multitude de remises en question, d’un changement de label chez Atlantic Records et d’une association avec le producteur notoire David Bottrill que Blue Sky Noise paraît enfin au grand jour en avril 2010. A la frontière du surréalisme et de l’idéalisme cet opus est un élixir précieux et puissant. L’axe principal reste le même : un son progressif et mélodieux associé une fois de plus aux peintures fantasques et romanesques d’Esao Andrews. Mais ayant gagné en maturité, la voix d’Anthony s’exprime ici avec plus de clarté et les instruments et sons utilisés sont plus variés. Puisant leur inspiration dans l’art et de manière générale dans tout ce qui les entourent, le groupe semble plus soudé et uni que jamais.

Les membres de Circa Survive s'attachent à être les représentants d’une musique libre, qui ne se limite pas aux principales caractéristiques du rock. Loin des clichés théologiques, la complexité et la richesse de leurs textes est véritablement dignes des attentes du rock progressif. C’est dans cette optique rêveuse que j’ai rencontré Anthony, Brendan et Colin, espérant ainsi partager une part de leur imaginaire…


La frontière entre la subjectivité et la réalité est infime dans vos morceaux. Où puisez-vous vos influences et vos inspirations ?

Anthony & Colin : De tout ! (rires)
Anthony : Je pense que lorsque tu as un minimum d’ouverture d’esprit, que tu écoutes et vois ce qui t’entoure, tu augmentes tes perspectives et par conséquent tes influences. Je m’inspire de toutes choses. Ca peut aussi bien être de la littérature, un film, un morceau, un regard, la forêt ou le ciel peu importe tant que tu le ressens. J’essaie de puiser mon énergie dans tout ce qui m’entoure. Brendan : Je pense que c’est un peu pareil pour moi. J’ai beaucoup été influencé par la musique quand j’étais jeune, celle que mes parents écoutaient. Tu vois genre un groupe comme les Beatles ! (rires)
Anthony : Encore et toujours les Beatles… (rires)
Brendan : Oui, j’adore tous leurs titres ils ont vraiment bouleversés ma jeunesse ! (rires)

C’est vrai qu’en dehors de l’éducation traditionnelle, c’est une chance d’avoir des parents qui nous inculquent un background musical…

Colin : Oui, je pense qu’on a tous été plus ou moins reconnaissant envers eux. Ils nous ont imprégné dès notre plus jeune âge. Après c’est évident qu’en pratiquant d’un instrument tu vas plus t’orienter dans un style particulier de musique, malgré tes premières influences.
Anthony : Mes parents écoutaient plutôt du classique ou de la country. J’aime beaucoup, mais je pense que je me suis crée mon propre passif musical à l’adolescence.

Vous vous inspirez aussi de la peinture ? J’ai cru comprendre que vous avez fait appel de manière récurrente à l’artiste Esao Andrews pour l’artwork de vos albums…

Colin : Oui, et tu peux même retrouver toutes ses autres œuvres sur son site perso (http://www.esao.net). C’est toujours intéressant de donner un morceau à un artiste comme Esao…
Anthony : … et de voir comment il peut réinterprété ta propre création. C’est fantastique de voir cela et très émouvant. Il a travaillé sur chacune des pochettes de nos albums et à chaque fois je trouve qu’il a su trouver la juste signification qui se situait quelque peu cachée derrière nos compos.

Et justement parlant de signification quelle en est votre interprétation ?

Anthony : Esao a su retranscrire cette frontière entre le réel et l’imaginaire. En représentant Blue Sky Noise avec ce côté animal confronté à l’Homme, ce côté fantasque face à la vie humaine, il a su représenter les confrontations existentielles auxquelles nous sommes soumis. Cette dualité entre le rêve et la réalité, cette difficulté à trouver une limite et à stagner dans cet état stationnaire est je pense assez représentatif de nos chansons…

Ses peintures me font beaucoup penser à Francis Bacon, surtout lorsque je repense à ses débuts où ses toiles étaient fortement imprégnées du surréalisme…

Anthony : Je ne sais pas qui est Francis Bacon, mais je pense que j’ai du déjà voir une de ses peintures sans savoir de qui elle était. (rires) En tout cas la description que tu nous dépeins semble coller avec l’aspect surréaliste de Esao.
Colin : Pour ma part, je suis assez d’accord avec ce que tu dis. Bacon a cette extraordinaire capacité à faire passer son travail tant recherché pour de la spontanéité. Que ce soit au niveau des couleurs utilisées où des thèmes abstraits abordés, je trouve que la corrélation est plutôt justifiée.

Pour revenir sur votre dernier album, vous avez passé quelques temps en Studio avec David Bottrill (Placebo, Silverchair, Tool…, ndlr). Quel en est votre meilleur souvenir ?

Anthony : C’est difficile de se rappeler d’un moment en particulier. Je pense que ce qui est principalement ressorti de ces journées en studio est notre cohésion. Elle était presque absolu. On a vraiment travaillé main dans la main. Quand je bossais sur un morceau j’allais voir tour à tour chacun des musiciens et on travaillait ensemble dans ce même but, dans le même état d’esprit. Ca a été presque une révélation, dans le sens où l’on s’est dit qu’on avait raison de continuer notre chemin ensemble.
Colin : Oui c’est clair ! Ca n’a jamais été aussi intense. David a vraiment été un soutien merveilleux d’ailleurs. Je pense qu’il a contribué à nous élevé et à faire ressortir ce que l’on avait au plus profond de nous. Comme Anthony l’a souligné, ca faisait un moment qu’on restait sur nos acquis et que l’on n’avait pas crée quelque chose. Avec le temps tu t’enlises et tu n’es plus très sur de tes choix. Cette expérience à vraiment consolider nos liens.
Brendan : Oui, ca nous a conforté dans nos décisions. On ne s’est jamais senti aussi accomplis et proches qu’à ce moment précis.
Anthony : Le lieu y étais pour beaucoup aussi. Etre entouré de ces bois, c’est vraiment vivifiant. Tu te sens vivre et renaitre. C’est presque un retour à l’enfant qui est en toi… (rires)

Justement au niveau des textes, tu abordes souvent les thèmes de l’enfance et des relations que l’on peut avoir avec les membres de notre famille. C’est une référence personnelle ou un implication plus générale ?

Anthony : C’est plutôt à tendance personnelle. La mienne en tout cas. Mes parents nous ont élevés mes frères et moi dans le protestantisme et la chrétienté la plus extrême. Ils étaient très stricte, sur tous les plans. On avait pour obligation d’aller à l’église tous les dimanches, de ne pas vivre dans le pêcher, d’être au pieu à dix heure…

Même quand tu avais 16/17 ans ?

Anthony : Non à cette période là j’étais en pleine rébellion, je leur disais juste d’aller se faire voir. Même lorsqu’ils nous autorisaient à sortir un peu plus tard et qu’ils restaient debout pour nous attendre, je rentrais le plus tard possible voire pas du tout ! (rires)

L’âge ingrat ou on en fait baver à nos parents … tu devais avoir un besoin de liberté et de te libérer de tes frustrations énorme …

Anthony : je pense qu’après nous avoir contraint à tant de choses, il y a quelque chose qui s’est passé en moi. Je voulais tout rejeter, m’éloigner le plus possible de tout ça et leur dire d’aller se faire foutre… (rires)

Heureusement ! (rires) il semble que c’est grâce à cela que tu as pu devenir la personne que tu es, ca a forgé les bases de ta personnalité…

Anthony : Oui, et quelque part je ne peux que leur en être reconnaissant, non ? (rires) J’ai de la chance, puisque tout cela a plutôt bien évolué et que mon acharnement a fini par payer. Maintenant, ils sont fiers de moi et c’est bien qu’ils aient pu changer d’avis sur ce point.

On Letting Go reprend ce thème d’ailleurs, c’est lié à ce sujet, à cette partie de ton histoire ?

Anthony : Je préfère ne pas trop m’étendre sur le sujet. Je ne voudrais pas réveiller quelques anciennes querelles non résolues et qui aurait le moindre risque d’être ranimées…(rires) Mais je ne parle pas forcément ici de mes parents. J’ai écrit cette chanson en rapport avec une personne qui me tient à cœur et qui était directement concernée par ce sujet.

Si vous deviez choisir un titre sur Blue Sky Noise, celui qui vous intéresse le plus …

Anthony : C’est un peu dur d’en choisir un parce que je change tout le temps d’avis à ce sujet mais en ce moment mon préféré est Fever Dreams. J’ai écrit ce morceau juste après avoir fait un cauchemar dans lequel je tuais un homme de mes propres mains. C’était terrifiant ! Je me suis réveillé en ayant du mal à discerner ce qui était réel ou non et quand j’ai repris mes esprits j’ai écrit les paroles d’un seul jet. A vrai dire, cela faisait six mois que je ne trouvais pas l’inspiration, un peu comme la page blanche… Je pense que c’est le titre qui a été le plus facile à écrire !
Brendan : Oui c’est évident qu’après ses six mois ça nous à fait du bien. J’ai du mal à statuer sur un titre favori, mais je pense que Fever Dreams est également mon préféré. Je crois que je suis passer par plusieurs phases avec cet album mais celui-ci est vraiment différent…

Oui, en fait il a été le déclencheur, le point de départ pour Blue Sky Noise. J’en conclue donc que comme beaucoup d’artistes, tu trouves dans tes textes un exutoire à tes angoisses, tes expériences les plus pénibles ?

Anthony : Oui c’est exactement ça. C’est vital et indissociable de ma vie à présent. Je pense que ca a toujours été le cas. Et très sincèrement pour reprendre ce que je disais plus tôt, quand tu sors d’un tel rêve, que tu prends conscience que toute cette atrocité n’était qu’une illusion ça te fait réfléchir sur ce que tu pourrais ressentir si tu te retrouvais bloqué dans une telle situation.
Colin : Je m’alignerai sur ce qu’on dit Anthony et Brendan sur ce morceau. Il est vraiment à part, tant il nous a été facile à composer après ces longs mois d’errances musicales ! (rires) Mais pour donner une réponse un peu plus distincte, pour avoir un angle différent, je pense que chaque morceau écrit sur cet album a été un pas de plus vers la maturité. Chaque titre fait partie intégrante d’un tout et il me serait difficile d’en distinguer un parmi la masse tant ils sont tous reliés.

Cet album semble vous avoir apporté beaucoup sur le plan personnel. Une sorte d’évolution. Mais était-ce le cas pour tous vos albums ou uniquement pour celui-ci ?

Anthony : Après coups, que ce soit sur Juturna, On Letting Go ou Blue Sky Noise, ils sont tous associés à une prise de conscience, quelle qu’elle soit. Chaque album représente une étape de l’évolution de notre maturité. On grandi, on apprend de plus en plus et on souhaite que cela retentisse directement sur notre musique.
Colin : C’est sur que ce dernier opus est différent sur son procédé d’écriture, mais sur la base, l’axe principal reste toujours le même. On a toujours cette même motivation, ces mêmes sons qui nous inspirent…

Il est clair que justement ce qui différenciait Juturna à l’époque des autres albums du même genre c’était qu’il n’était pas axé sur la base générale du couplet/refrain/couplet/refrain/pont etc.

Colin : Oui c’est certain. Mais il ne faut pas oublié que c’est notre premier album et qu’à cette époque on pouvait se retrouver un peu perdu dans l’écriture… (rires)
Brendan : Oui, en fait je pense qu’on voulait se calquer sur les autres mais qu’on s’emmêlait les pinceaux entre les refrains et les couplets ! (rires)
Anthony : En fait, c’est une sorte de ruse ! (rires) On fait exactement la même chose que tout le monde, mais on brouille tellement les pistes que les gens finissent par s’y perdre et ne plus savoir s’ils sont en train d’écouter un refrain ou un couplet alors que si ! (rires)

Bien joué ! Sympa l’astuce, je pense que beaucoup s’y sont trompés alors! Le rendu final reste magistral ! (rires)

Anthony : Disons que c’est plus sympa que de dire qu’on ne différenciait pas les intros des refrains ! (rires) Mais comme l’a dit Colin, je pense que cette façon de composer est encore très présente, même si l’on a agit un peu différemment pour la composition de Blue Sky Noise.

Justement, vous avez changé de label et avez quitté Equal Vision Records pour Atlantic records. Cela a certainement du influencer le rendu final de Blue Sky Noise, non ?

Anthony : Disons que nos moyens sont plus conséquents mais on reste toujours aussi libre d’écrire à notre guise. Il était clair dès le départ qu’on voulait garder cette liberté. C’était même notre priorité.
Colin : Oui, on ne voulait pas que qui que ce soit nous dise qu’on doit rajouter des guitares à tel ou tel endroit ou changer les paroles ou quoi que ce soit d’autre.

Quelle a été la principale motivation pour quitter Equal Visions si tout se passait bien ?

Anthony : Cela peut paraître matérialiste ou prétentieux, mais nos moyens étaient vraiment limités. On voyait pleins groupes tourner un peu partout dans le monde et notre label ne voyait par forcément l’utilité d’aller dans tous ces endroits. Du moins il n’y voyait pas l’intérêt financier. Ils ont toujours été super avec nous, et c’est clair qu’on leur doit beaucoup. On a grandi et pris en maturité en grande partie grâce à leur soutien inconditionnel.
Colin : Je tiens à souligner qu’on a eu aucun soucis avec eux. On avait juste envie d’élargir notre public.
Anthony : On voulait vraiment élargir nos horizons. On visait grand. On souhaite partager ce que l’on fait avec un maximum de personnes. Les choses étant ce qu’elles sont, notre ancien label ne nous le permettait pas. Ils n’avaient pas assez de moyens. Du coup on est parti en se disant que notre priorité serait que notre futur label est des connections un peu partout dans le monde. Notamment en Europe car il y avait pleins de pays dans lesquels on avait jamais pu mettre les pieds à cause de cela. Atlantic a des connections un peu partout en Europe, et surtout en Grande Bretagne. Je pense que c’est pour cela qu’on les a choisi.

On peut donc remercier Atlantic Records pour vous avoir fait venir en France, car vous ne seriez sans doute pas là sans eux ! (rires)

Anthony : Oui c’est fantastique de pouvoir être ici. On va aussi à Amsterdam demain et on y est jamais allés non plus. On a hâte ! (rires)

Vous aviez un day-off hier à Paris, vous avez fait quoi du coup ?

Brendan : Des choses relativement touristiques ! (rires) Mais c’est déjà tellement énorme d’être ici. De pouvoir visiter cette ville que peu importe l’endroit ca reste incroyable et merveilleux. C’est aussi beau que ce que l’on avait imaginé !

Quel est votre meilleur souvenir de Paris dans ce cas ?

Colin : Je pencherais plutôt pour le Musée du Louvre. C’est magistral. Il y a tellement de choses à voir c’est immense !

Tu as vu la minuscule voire ridicule Mona Lisa ?

Colin : Oui ! Il est vraiment petit ce tableau tu aurais presque du mal à le voir ! (rires) En plus tu as une sorte de baie vitrée devant ! (rires) C’est incroyable parce que tu as des tableaux qui font des mètres de long juste à côté, que tu peux presque toucher du doigt et de plus sont magnifiques ! Ils mériteraient à mon avis autant d’attention que Mona Lisa !

C’est sur que le Louvre est vraiment l’un des axes principaux de toute visite touristique de Paris, mais il y a tellement d’autres endroits plus confinés mais qui en valent vraiment la peine…

Anthony : C’est vrai que l’on a fait beaucoup de choses touristiques ! (rires) On a même aperçu la Tour Eiffel, mais de loin car on était sur la place du Trocadéro. Elle n’en est pas moins splendide ! Mais ce que je retiendrais le plus ce sont peut-être les moments qu’on a passé aujourd’hui à errer dans ce quartier (20e arrondissement, ndlr). Ce n’est peut-être pas l’endroit le plus beau au niveau de son architecture, mais de marcher dans les rues et de voir les parisiens dans leurs occupations quotidiennes - comme faire les courses où boire un verre en terrasse - est tout aussi enrichissant. Tu t’arrêtes un moment et tu respires toute cette vie qui t’entoure. Tu jettes un coup d’œil au ciel qui est magnifique et tout devient plus merveilleux. D’autant plus que c’est notre première fois et qu’on est extrêmement reconnaissant de pouvoir déjà être ici.

C’est vrai que votre venue est providentielle ! Après avoir attendu tant de temps pour ce troisième album, je pense que tous vos fans devaient s’accorder sur un point : la peur du traditionnel split up…

Anthony : D’autant plus qu’on est jamais à l’abris d’un split up avec moi, jamais ! (rires)

Par C. R.
Remerciements : Anthony & Jamie, Mylene, Amaelle, Pascal T., Lucie Effexor B., Phil A.
Photos : All rights reserved Phil Abdou.


9/09/2010

Midnight Juggernauts INTW - Road to rebirth.


Road to rebirth...

Précurseurs de l’indie-dance-pop-expérimentale, il est bien souvent difficile de définir un style précis aux petits prodiges australiens de Midnight Juggernauts.


Après une tournée à guichets fermés avec les français de M83 en Australie et après avoir été publiquement adoubés par les frenchies de Justice et Daft Punk, on peut dire que Vincent Vendetta, Daniel Stricker et Andy Szekeres entretiennent une relation à double sens avec la France. Ils doivent de toute évidence cette réputation à leur premier opus Dystopia (2007), véritable coup de maître, sorti sur leur propre label Siberia Records. Le succès est dès lors total et est notamment du à un single singulier et efficace, Shadows, sorti quelques temps avant le lancement officiel de Dystopia. Acclamé par les radios non seulement australiennes mais également américaines et anglaises, ce titre fut accueilli avec égards par les amateurs d’electro alternative. Leurs compositions ne passent évidemment pas inaperçues en France, et c’est grâce à l’aide providentielle du label Kitsuné Music (Klaxons, Hot Chip…) qu’ils réussissent à se faire connaitre et à investir le paysage parisien.

A quelques jours de la sortie officielle de leur dernier opus, The Crystal Axis (sortie prévue pour le 21 septembre 2010, ndlr), nous avons profité du penchant quasi-obsessionnel de Vincent Vendetta envers notre culture pour le rencontrer lors de son passage éclair à Paris…


Quand avez-vous commencer à travailler sur le matériel des titres de The Crystal Axis ?

Vincent : C’est une longue histoire d’amour avec cet album ! (rires) On voulait vraiment réaliser un album qui soit représentatif de notre évolution personnelle. A l’origine, je veux dire au tout début du groupe, il n’y avait que Andy et moi -même. Et je dois dire en toute honnêteté que l’arrivée de Daniel a été bénéfique sur tous les plans. C’est à trois que nous avons évolué, au détour des tournées, sur les scènes du monde entier. Chacun apporte une part de son expérience, son vécu, sa musicalité et chaque album est une sorte de legs. En ce qui concerne The Crystal Axis, tout a commencé en 2008 lorsque l’on était en tournée pour Dystopia. C’est souvent en tournée que l’on écrit le plus, on rencontre tellement de personnes différentes, on découvre toujours de nouvelles villes, cultures… Ca reste une source d’inspiration considérable. Avec le temps on a pris conscience que l’on s’orientait sur un genre tout à fait différent, plus expérimental…On a même pensé à un moment sortir l’album sous un autre format, un mp3 unique ou un vinyle, mais entre nos idées fantasques et la réalité industrielle… (rires)

Oui c’est certain ! (rires) D’ailleurs cet album semble tout droit sorti d’un film des années 70, avec une petite pointe d’expérimentale pour rehausser le tout ! (rires)

Vincent : C’est exactement cela ! (rires) Lorsque l’on s’est retrouvé en studio pour bosser sur quelques morceaux on a ressorti tout un attirail d’instruments vintage, certains s’apparentent beaucoup à des jouets ! (rires) On peut dire que sur ce coup là on est retombé en enfance. Mais c’est aussi à double tranchants, parce qu’on à quelques pédales qui donnent des sons tout à fait extraordinaires, mais tu sais que lorsque tu sors un son pareil tu ne pourras pas le reproduire une seconde fois. Ces petites bêtes sont totalement imprévisibles ! (rires) Tu te rends bien compte que du coup tout ça reste très fictif presque impalpable. Ce n’est pas quelque chose que tu peux expérimenter en live donc on garde égoïstement nos petits plaisirs excentriques pour le studio ! (rires)



Parlant de plaisirs excentriques, cet album me fait beaucoup penser à un ancien dessin animé pour son côté mystique et intergalactique… Albator, le pirate de l’espace tu connais ? (rires)

Vincent : C’est le vieux cartoon avec le pirate balafré ? C’est énorme ! J’adore ce dessin animé. Je trouve que le rapprochement est judicieux. Je nous imagine tout à fait à sa place avec notre musique un peu « space » parcourir la galaxie pour faire découvrir notre univers ! (rires)

La balafre en moins ? (rires)

Vincent : Oui oui ! Faut pas pousser ! (rires) Mais c’est vraiment intéressant, ca me ramène en enfance ou plutôt à mon adolescence. J’ai toujours adoré l’animation !

Tu as fait des études spécialisées dans ce domaine ?

Vincent : Non pas vraiment c’était plus un hobby d’ado de quinze ans. Toutes ces petites séquences mises bout-à-bout c’est fascinant ! Quand tu te rends compte que pour trois ou quatre secondes de séquence il va falloir que tu passes dix heures avec des petits papiers, tu te dis qu’il faut vraiment taré pour faire un truc aussi dingue ! (rires) Mais j’adore cela ! (rires)

Cela explique pourquoi vos vidéos sont toujours liées à l’animation. Notamment pour votre prochain single Lara Versus The Savage Pack, il me semble que le vidéo clip a été entièrement réalisé de cette façon, non ?

Vincent : Oui, on a passé des heures, à raison de dix heures par jour, à répéter sans cesse les mêmes mouvements pour accomplir deux secondes de clip. C’est vraiment intéressant de voir le procédé d’animation. On avait des sortes de papiers devant nos visages qui se modifiaient au gré de l’avancement de la vidéo. C’est un travail de damné ! (rires) Toute recommencer encore et encore mais le résultat en vaut le détour tu verras ! (rires)

Effectivement j’ai hâte de voir ça ! Et quel est le thème exact de cette vidéo ? Est-ce qu’il y a un rapport direct avec les paroles de la chanson ?
Vincent : Je consultais certains sites sur internet je suis tombée sur le blog d’une jeune fille. En lisant les commentaires je me suis rendu compte qu’ils étaient tous dirigés à son encontre. C’était un véritable lynchage, comme si toute cette haine accumulée n‘était présente que dans un but destructeur, psychologiquement parlant. La pauvre jeune femme se défendait envers et contre tous, mais c’était quelque peu voué à l’échec. Cette histoire m’a beaucoup touchée et c’est ce qui m’a inspiré ce morceau. Lorsque j’écris c’est souvent sur une impulsion, un moment, un sentiment éphémère mais intense. C’est exactement ce qui s’est passé pour ce titre, il y avait une forme d’étonnement mélangé à une sorte de compassion…

C’est très touchant. Donc si tu devais choisir un morceau favori sur The Crystal Axis, ce serait celui-là ?

Vincent : Non, si je devais choisir un titre favori, le premier qui me vienne automatiquement en tête serait The Great Beyond. Ce qui est marrant c’est qu’il y a vraiment une spécificité avec cette chanson. Je veux dire par là que lorsque l’on a tenté de l’enregistrer en studio, on n’arrivait pas à en écrire la fin. On avait beau réessayer encore et encore, c’était un échec perpétuel. Du coup, on s’est dit qu’on serait peut-être plus inspiré si on la jouait dans les mêmes conditions que le live. C’est un peu comme jouer à pile ou face. Tu te lances mais tu ne sais pas comment ca va finir ! (rires) C’est certainement le titre le plus spontané et impulsif que l’on ait écrit sur cet opus et c’est ce qui le rend d’autant plus attrayant.



Et que pourrais-tu nous dire sur Fade To Red ?

Vincent : C’est le dernier titre de The Crystal Axis. On l’a envisagé un peu comme un dernier au revoir. Je pense qu’il diffère un peu des autres dans le sens ou lorsque l’on a composé The Crystal Axis on était tous dans une bonne période de nos vies. Fade To Red a été composé avec un peu plus de nostalgie, un léger regard en arrière par rapport à Dystopia et ces années passées à parcourir la planète. C’est en quelques sortes un hommage à tout cela et c’est très certainement pour cette raison qu’on l’a placé en dernière position. En ce qui concerne la quasi-totalité de l’album, il est clair que l’influence de ses dites « vagues bénéfiques » dans nos vies a été considérable sur son élaboration…

Quelles petites doses d’ondes positives ne peuvent pas faire de mal quand on voit la quantité incroyable de titres motivés par l’échec, me ressentiment et la tristesse…

Vincent : Oui, c’est tout à fait là où je veux en venir. Non pas que je sois contre ce type de morceaux ! (rires) C’est juste que de temps à autres ça fait du bien de conserver un petit peu d’optimisme ! (rires)

Et en ce qui concerne un éventuel nouvel opus ou de nouveaux titres ?

Vincent : Je ne sais pas encore quelle sera la ligne directive de l’album. Pour être honnête on a déjà quelques titres en tête mais on ne sait jamais ce que ca va donner après les avoir testés en studio. Dès fois tu as l’impression d’avoir eu l’idée du siècle et quand tu commences à jouer les premiers accords en studio, tu te rends compte que tu avais tout faux ! (rires)



C’est ça de s’autoproduire et d’avoir son propre label ! On a quelques fois du mal à prendre un peu de recul … (rires)

Vincent : Siberia Records a vraiment été l’idée la plus ingénieuse que l’on ait jamais eu ! Pour The Crystal Axis, on a choisi de bosser avec Chris Moore qui a déjà travailler avec TV On The Radio, Liars et même les Yeah Yeah Yeahs ! (rires) Il a apporté cette touche d’imprévisibilité que l’on recherchait. On est en perpétuel mouvement et on recherche toujours à avancer dans les directions qui nous paraissent les plus improbables au départ. Ce qui fait que de temps en temps, on manque cruellement de recul par rapport à tout cela. C’est aussi pour cela qu’on s’entoure de pas mal d’amis lorsque l’on va en studio. Ils ont un peu ce rôle atypique de conseiller personnel d‘orientation musicale. (rires) On est très attentif à leurs avis, surtout s’ils ne vont pas dans notre sens. Mais on échappe pas à son égo et on défend souvent nos convictions avec ferveur ! (rires)

L’égo est à la fois le pire et le meilleur miroir qui soit ! (rires) Et parlant un peu de vie perso, vous habitez toujours à Melbourne mais connaissant votre penchant pour l’étranger, vous comptez vous relocaliser quelque part ?

Vincent : A nos débuts, on habitait tous les trois dans des villes différentes. Andy et moi habitions tous les deux à Melbourne et Daniel à Sidney. On s’envoyait par mail les morceaux et on travaillait chacun de notre côté. Je me souviens encore de notre premier concert à trois. (rires) On n’avait jamais répété ensemble ou jouer à trois nos morceaux. On s’est un peu jeté dans l’arène et on a donné tout ce qu’on avait. Par chance ça a marché ! (rires)

C’était tout de même très risqué mais bon ça s’est avéré être un bon coup de poker ! (rires)

Vincent : Oui et heureusement d’ailleurs. Daniel a apporté tellement au groupe ! Enfin, pour répondre à ta question, j’ai rendu mon appart il y a quelques mois, celui de Melbourne, et depuis je n’ai pas eu une minute à moi. Toutes mes affaires sont dans un entrepôt. J’ai une sorte de maison itinérante entre le Tour Bus et les hôtels… (rires)

En quelques sortes, ça fait de toi un sans domicile fixe… (rires) Ca fait du bien de se libérer de toute attache et de ne plus avoir ce type d’obligation existentielles…

Vincent : Oui c’est exactement ça ! Ca permet vraiment de te focaliser sur la musique. J’adore ma vie actuelle, mais c’est en même temps déstabilisant. Il y a forcément un moment où tu dois rentrer chez toi. Car tu as besoin d’un minimum de repères. Bon, ca nous arrive pas souvent ses derniers temps et ce n’est certainement pas pour tout de suite, mais c’est une situation qui doit être provisoire. Ce n’est pas gérable à moyen et long terme ! (rires) On a passé quelques temps en Europe et je pense qu’à partir de l’année prochaine on va essayer de déménager sur Paris ou Londres. Enfin, on verra d’ici là ! (rires)

Si tu aimes à ce point Paris, il doit bien y avoir quelques endroits où tu aimes sortir, non ?

Vincent : Là tout de suite je pense au Point Ephémère. C’est super sympa ce concept de pouvoir trainer le long du canal et d’aller voir des concerts en mêmes temps…

Oui, il y a de très bons concerts là-bas et le cadre est très agréable…

Vincent : Je n’ai que de bons souvenirs des soirées que j’ai passé dans cet endroit. Je me souviens aussi de la Tour Eiffel ! Quelle histoire ! (rires)

Vas-y raconte nous tout ! Tu as eu le vertige c‘est ça ?! (rires)

Vincent : Non pas vraiment. On a pas été très courageux, au vu de la hauteur des escaliers on a foncé vers l’ascenseur ! (rires) C’était la première fois qu’on venait à Paris et on avait très peu de temps devant nous. On a généralement que peu de journées de libre en tournée donc lorsque l’on planifie le tout, on essaie de faire en sorte que notre dernière date soit dans une ville sympa, histoire de passer quelques jours là-bas. C’était le cas pour la Serbie, où l’on a pu visiter un peu les Balkans. On y avait jamais mis les pieds ! J’en garde un très bon souvenir. Pour Paris, on avait fait la même chose. Après les balances on est allés se balader et on a rencontré par hasard des potes d’Australie, qui étaient sur Paris pour un concert eux aussi. Je ne sais plus par quels moyens on s’est retrouvés sous cette énorme structure, mais c’est véritablement un endroit particulier. C’est énorme ! C’était très beau de voir Paris sous cet angle.




Par C. R.
Remerciements : Lucie Effexor B., Vincent, Thomas Ivox.

Photos : All rights reserved Lucie Basuyaux.

Official Websites : http://www.myspace.com/midnightjuggernauts http://www.midnightjuggernauts.com

9/02/2010

The Black Box Revelation INTW- Génies institutionnalisés ou instincts révolutionnaires ?



The Black Box Revelation ou l’avènement du rock n’ roll dans son état le plus primal. Sont-ils des génies institutionnalisés ou possèdent-ils de simples instincts révolutionnaires ? Une troisième option semble d’avantage justifiée. Misons sur un sixième sens musical extraordinairement développé.

Puisant leur énergie dévastatrice, presque sale, au plus profond de leurs entrailles, il est d’autant plus étonnant de voir une telle ampleur artistique dans des corps aussi frêles. Après avoir sorti un premier album Set Your Head On Fire en 2007, ils reviennent cette année avec Silver Threats. Orienté Blues, redirigé vers le garage, cet opus à plus d’envergure et de maturité, s'inspirant directement des racines mêmes du rock.

Présent sur la scène principale de l’Eco-Festival du Cabaret Vert, nous avons profiter d’un moment d’inattention post-concert pour rencontrer Dries Van Dijck et Jan Paternoster, membres effectifs du groupe. Entre connivence, candeur sur jouée et esprits fraternels, nous avons sondé les âmes de ces petits génies déglingués, experts Es Garage…

Silver Threats est sorti en début d‘année, qu’attendiez-vous de ce nouvel opus ? Qu’est-ce qui le différencie de Set Your Head On Fire ?

Dries : On recherche la complexité dans nos morceaux. On voulait que cet album soit plus imprégné de l’univers du blues tout en gardant ce côté garage rock. Il est plus mature que Set Your Head On Fire, plus inspiré peut-être parce qu’en trois ans on a pas mal appris de la scène, de la vie en tournée, nos vies on été pas mal bouleversées.
Jan : Tout comme le rock puise ses racines dans le blues et la soul, nous puisons nos émotions dans nos entrailles. Il est donc important d’être le plus limpide possible. Cela ne veut pas dire que tes émotions sont dénuées de complexité. Au contraire, tes pensées sont un enchevêtrement de sentiments plus complexes les uns que les autres, mais elles viennent à toi naturellement, de la manière la plus simple qui soit. C’est dans cette optique que l’on visualise notre musique. Simple et efficace dans la forme et torturée dans le fond. (rires)

Love Licks apparait vraiment comme un titre langoureux, sensuel, presque à la limite du sexuel tout en gardant cet aspect garage pesant et acéré qui vous est propre … Que pouvez-vous nous dire sur ce morceau?
Jan : « Hell yeah here comes my girl » !
Dries : Sexy ! Ca parait toujours simpliste ou idiot de dire ça comme ça mais le sexe est directement associé à la musique. L’un ne va pas sans l’autre. Cela représente une énergie créatrice considérable. Un moteur, une source presque intarissable. C’est peut être pour cela que les filles préfèrent ce morceau… (rires)
Jan : On y prête peut-être trop souvent attention, non ?! (rires) Enfin moi je dis ça parce que c’est ma copine qui m’a inspiré ce morceau. C’est rassurant et stabilisant de savoir que peu importe le temps que tu pars en tournée, il y a toujours une personne qui t’aime, qui t’attend et t’accueille à bras ouverts.
Dries : Bien, moi je n’ai qu’un chien à la maison! (fou rire général)
Sympa pour ton chien ! (rires)

Dries : Détrompes-toi je l’aime énormément mais ce n’est pas pareil. (rires)
Jan : C’est l’un de nos titres préférés sur cet album si ce n’est le premier. Parce qu’on est vraiment à fond tous les deux. C’est l’un des titres le plus représentatif de notre évolution notamment au niveau scénique. La guitare fusionne avec la batterie, laissant le champs libre à la voix.
Dries : C’est certainement en cela qu’il est beaucoup plus complexe, au niveau de sa construction. On adore le jouer.
Il est peut-être un peu tôt pour le demander mais avez-vous déjà un troisième album ou de nouvelles compos en tête ?
Dries & Jan : Oui oui oui !
Dries : On va sérieusement commencer à y travailler cet automne.
Jan : C’est vrai que la configuration estivale n’est pas super propice à la création. Quand tu fais des festivals, peu importe leurs tailles, tu n’as pas vraiment le temps d’y penser, hormis dans certains moments d’égarements dans le Tour bus ! (rires)
Dries : On donne toujours le maximum de nous-mêmes sur scène et on veut que ce soit identique pour nos compositions studio.
Jan : En studio on enregistre toujours tout en live. On veut que le son qui en ressort soit proche du live, proche de la réalité effective. Pour nous, la musique doit être essentielle, spontanée, pure et avant tout autre chose rock n’ roll. C’est de là dont on tire notre identité quelque peu dépouillée… (rires)
Dries : On a vraiment hâte d’avoir un peu de temps devant nous pour pouvoir vraiment bosser sur de nouvelles compos. Quand tu commences à composer, je crois que tu ne peux plus vraiment t’arrêter !
Jan : J’espère que rétrospectivement, quand on écoutera Silver Threats ou Set Your Head On Fire dans quelques années, on se dira qu’on a vraiment évolué. Notre pire cauchemar serait de nous rendre compte que nous sommes restés au point mort, dans un état de marasme. Enfin, si on a toujours la chance de faire ce qu’on aime! (rires) Ce que j’espère parce que je me vois mal exercer un tout autre métier aujourd’hui… (rires)
Votre musique est souvent associée au psychédélisme et au rock dans son état le plus pur, ça me fait beaucoup penser à Pink Floyd et leur univers si particulier…

Dries : J’adore ce qu’ils font ! Ces mecs sont tarés mais dans le bon sens du terme hein ! (rires)
Jan : Oui, j’aime beaucoup aussi…. (rires)
Dries : Quoi ? Comment ? Je pensais que tu les détestais !
Jan : Je les détestais mais maintenant j’adore ! (rires) Non pour être honnête je trouve qu’ils ont vraiment de très bon morceaux mais dans 60 % des cas, je suis paumé ou leurs compos me sont totalement étrangères . Ils vont trop loin dans ce psychédélisme, ils le poussent jusqu‘à son paroxysme… Je n’y adhère pas vraiment…
C’est vrai qu’il n’y a pas vraiment de juste milieu, mais c’est en allant dans ce type de retranchements qu’ils ont pu ouvrir une voie réelle aux albums conceptuels, et le rock progressif a fait un bon en avant incroyable grâce à ces extraversions…

Jan : Je suis totalement d’accord. Je trouve ça incroyable qu’un groupe de la scène underground londonienne ait pu ouvrir de tels accès. Mais de toute évidence, je me sens beaucoup plus proche de leur style progressif que de leurs albums-concepts ! (rires)

Vous semblez vouloir vous affranchir des clichés rock n’ roll et il en ressort une incroyable simplicité musicale. Un duo, batterie/guitare, suffit a transporté la foule…

Jan : C’est difficile de garder les pieds sur terre dans ce milieu. Tout te pousse à aller dans des voies tortueuses. Ces clichés ne correspondent qu’à une infime partie de la réalité. Ce qui m’aide à rester « un mec bien » c’est de savoir que ma petite amie est là. Personnellement je ne pourrais pas vivre uniquement de musique et d’eau fraiche. Je pense qu’à un moment, ça devient un cercle vicieux et que tu finis par te lasser de tout cela. Il Faut savoir vivre et se détacher de la musique, des concerts, des tournées, de l’alcool ou je ne sais quelles autres substances … (rires)

Serait-ce ta propre définition d’un monde parfait ? Un juste milieu entre la passion et la raison …

Jan : C’est-ce que j’aime à croire en tout cas ! (rires)
Dries : Je ne pourrais pas être tout le temps chez moi ! Je m’ennui trop vite, tu tournes en rond, c’est à devenir fou ! Etre en tournée, rencontrer de nouvelles personnes, être sur scène et vivre chaque instant comme si c’était le dernier, être dans les extrêmes tout en restant soi-même. C’est comme garder une petite part de conscience dans le monde quelque peu irréel dans lequel on vit actuellement.
Jan : On veut avant tout pouvoir se lever chaque matin et affronter sans honte notre propre reflet dans le miroir… C’est quelque chose que tu te dois de garder en tête si tu ne veux pas sombrer.
On vous pose souvent les mêmes questions, alors si ce choix vous était pour une fois octroyé, quelles questions aimeriez-vous que l’on vous pose ?

Dries : Est-ce qu’on compte avoir un bassiste ? Non, la plupart du temps ils ne servent à rien !
Jan : Il y en a qui sont assez doués mais on aime cette simplicité, le fait d’être à deux. C’est plus intense. Et quoi qu’il arrive on reste à deux pour faire face à nos choix et nos revirements artistiques et c’est déjà pas mal, non ?! (rires)
Dries : Ce n’est pas trop difficile d’être seulement deux sur scène ? (rires) C’est toujours les mêmes questions ! Sérieusement, à la fin de la journée on en peut plus, mais bon c’est le métier qui rentre ! (rires)
Jan : (Il jette un œil sur mes notes) Hey c’est quoi cette question à propos des Stereophonics ?

Rien il m’est juste venu à l’esprit ce matin que ta voix possède ce timbre particulier qui est totalement typique de Kelly Jones, le chanteur des Stereophonics…

Jan : C’est vraiment marrant parce que l’on m’a souvent comparé à Mick Jagger, Iggy Pop, Peter Hayes, Craig Nicholls entre autres et j’en suis extrêmement fier d’ailleurs, mais jamais à Kelly Jones. Je trouve ca d’autant plus intéressant qu‘il a une p*tain de voix ! (rires) J’aime beaucoup ce groupe, ce qu’ils font est simplement génial.

Par C. R.
Remerciements : The Subs, Jan & Dries, Chloé.

Official Website :
http://www.myspace.com/theblackboxrevelation