5/30/2010

Midnight Juggernauts INTW - Les douze coups de Minuit.

pic : All Rights Reserved. Phil Abdou

Musique cosmique, délice suprême d’électro pop et d‘expérimentale, Midnight Juggernauts remet au goût du jour les synthés vintage des années 80 et leurs samples
new wave.

Originaire de Melbourne en Australie, la formation voit le jour en 2004 sous les traits de Vincent Vendetta et Andrew Zsekeres. Ce n’est que fin 2006 que Daniel Stricker se joint au groupe, mais leur travail reste désespérément flou et vague. Les paroles des chansons changent au fur et à mesure des concerts et la venue au monde d’un premier né semblait fortement compromise. Après avoir sorti quelques EP dont Midnight Juggernauts (2005) et Secrets Of The Universe (2006), ils décident de créer leur propre label indépendant Siberia Records et produisent un premier album Dystopia (2007). Leur ascension se fait fulgurante et cet album projette le groupe sur des hauteurs inespérées. Entrée en force dans la galaxie des Midnight Juggernauts, l’attraction devient irrépressible et leur single Shadows devient un véritable tube international, passant sur les ondes de multiples radios.


Favoris de la Maison Kitsuné et épaulés par le label EMI, ils partagent désormais les scènes des festivals du monde entier auprès d’artistes éminents tels que The Klaxons, Rage Against The Machine ou encore Björk. Au-delà même du concept de produire de la musique, l’univers du groupe semble s’être enfin mis en place et l’on discerne à présent tous les ressorts de leur créativité. Les frenchy du groupe Justice ne s’y trompent pas et repèrent intuitivement le talent et la polyvalence qui habitent les membres du groupe. Dès lors, ils les invitent à les rejoindre sur leur tournée mondiale. Le drapeau est enfin abaissé et la route semble toute tracée et sans embuches. L’année 2010 signe leur retour en force avec un album renversant et chimérique The Crystal Axis (dans les bacs depuis le 28 mai 2010). Véritable incursion homérique, ce nouvel opus se distingue fortement de son prédécesseur. Loin de l’électro rock symphonique à la Electric Light Orchestra, The Crystal Axis rappelle sans conteste l’électro pop acidulée de leurs confrères australien du groupe Empire Of The Sun.


Presque deux ans après leur dernière visite parisienne, le groupe privilégie l’intimité de la scène de la Maroquinerie pour une présentation exclusive de leur dernier né. Ils se font accompagnés en première partie cette fois-ci par Wagner, artiste autodidacte dont la musique new wave électrique rétro made in France ne laisse pas indifférent. Toutes les conditions étaient réunies pour savourer un show électrique et grisant. Les Midnight entre ainsi en scène sur l’exaltant Road To Recovery, et le public à la joie de redécouvrir les titres les plus accrocheurs du combo tels que l’enivrant Into The Galaxy, Shadows, This New Technology ou encore le très récent et palpitant Vital Signs. Concluant sur une nouvelle composition, l’incroyable générosité et simplicité du groupe est déconcertante et semble presque irréelle.


En pleine tournée promotionnelle, nous profitons de leur séjour à Paris pour recueillir leurs impressions sur leur nouvel album The Crystal Axis. Vincent, Daniel et Andy se prêtent ainsi aisément au jeu du questions/réponses. Entre dose d’adrénaline et invitation onirique le voyage promet d’être sulfureux !




Votre dernier album Dystopia est paru il y a plus de trois ans maintenant et The Crystal Axis vient de sortir, qu’attendez-vous de ce nouvel opus ?

Vincent : Je pense que ca va être relativement intéressant à observer. Pas mal de temps s’est écoulé depuis notre dernier disque et grâce à cela on a eu l’occasion de faire pas mal de tournées. Je pense que ces éléments « live » ont eu une grande influence sur la façon dont on a produit cet album et cela devient évident lorsque l’on sait qu’une grande partie des morceaux sont issus de nos concerts. Le nouvel album va en déconcerté plus d’un, peut-être même diviser nos fans les plus anciens, mais on espère de tout cœur qu’ils y adhéreront.

Et le résultat vous satisfait pleinement, ca n’a pas été trop dur de vous réadapter au studio ?

Daniel : Non, à vrai dire les choses se sont mises en place d’elles-mêmes, de façon assez naturelle. On s’est isolé dans une maison près de la plage pendant quelques semaines histoire de se débarrasser des parasites, et dans tout ce pêle-mêle, certaines chansons sont naturellement apparues, puis l’on s’est séparé quelques temps et ont a essayé de réunir les morceaux qui collaient bien ensemble. Mais je pense sincèrement que si l’on parle en terme d’être heureux ou satisfait, tout le processus de compo s’est fait très naturellement presque en mode automatique. Ce n’est pas comme-ci on avait voulu tricher en le rendant potentiellement bien. On s’est juste concentré sur ce que l’on aime faire, et quand si tu te fixes sur ce que tu aimes faire alors tu ne peux qu’être heureux, peu importe les chemins que tu as emprunté…
Comment est-ce que vous fonctionnez au niveau de la prod ? Il me semble que vous faites tout vous-mêmes non ?

Vincent : On préfère produire notre musique nous-mêmes, on est un peu « touche à tout ». En revanche on bosse avec un ingénieur, Chris Moore, et c’était vraiment très intéressant de travailler avec lui. Il est vraiment très calé sur tous les différents aspects de l’enregistrement en studio. Ça a été une expérience très enrichissante et on peut dire que ses idées ont vraiment apportées un plus à l’album.
Daniel : Il est clair qu’au départ on avait sérieusement envisagé de bosser avec des producteurs pour The Crystal Axis mais on a fini par réaliser qu’on avait déjà fait la moitié du travail nous-mêmes… Donc on est parti sur cette base là parce qu’on voulait que cet album ait du sens à nos yeux. On avait aussi pas mal de nouveaux trucs à tester et on préférait les faire seuls. Au final, on a bossé avec Chris Moore et un autre ingé son, et ce disque a du être enregistré, en partie, à plusieurs reprises l’année dernière. On a finalisé le tout fin 2009 dans des studios différents, tout ce périple dans le but d’avoir un contrôle totale sur les choses et pour éviter que l’on nous dicte ce que l’on doit faire et si c’est bien ou mal….

En quoi cet album est différent de Dystopia ? Notamment, en ce qui concerne l’évolution de votre façon de composer…

Andrew : Toutes les compos venaient de nos concerts, elles sont issues de nos tournées et elles avaient donc cette sonorité particulière que tu retrouves en live. Si je dois trouver un élément de comparaison je pense qu’à la différence de Dystopia où tout avait été fait très posément, The Crystal Axis quant à lui à été fait dans l’urgence et l’immédiateté de la scène. On a tous les trois des goûts musicaux très variés, mais quelque part on a pas mal de similitudes dans ce qu’on aime. The Crystal Axis est une sorte de mélange de tous ces différents styles. Il sonne très 70’s sur le fond, mais lorsque tu l’écoutes attentivement tu te rends compte qu’on s’est inspiré de pas mal d’autres époques. Donc s’il y a un changement de taille à repérer par rapport à Dystopia, je pense que ce serait celui là…

Vous avez sortis pas mal de remixes tout au long de votre carrière, et quelques uns d’entre eux ont une un impact direct sur votre popularité comme celui des CSS, de The Presets ou encore Johnny Cash. Comment en êtes-vous venu à choisir de tels morceaux ?
Vincent : Il faut qu’il y ait quelque chose d’intéressant et de différent. Ce n’est pas dans notre genre de faire la surenchère avec un autre remix dans une veine pop. Encore moins de faire un remix « évident », ça serait vraiment douteux et ça nous intéresserait encore moins d’être juste là pour balancer des remixes à haute dose. Le travail à la chaine merci mais peu pour nous… (rires)
Andrew : je pense qu’on a peut-être une technique particulière lorsque l’on bosse sur un mix. On choisit souvent un morceau parce qu’on l’a entendu peu de temps auparavant et on s’est dit presque instantanément qu’on va pouvoir y apporter notre touche perso et le rendre différent. On essaie toujours d’étudier avec précision comment le morceau est fait pour l’emmener dans la direction opposée. C’est vraiment plus fun pour nous que de faire un simple remix ou un tube dancefloor. Et les remixes que tu as cité, de The Presets ou CSS, font partie de cette catégorie de chansons qui nous accrochent, d’autres sont faits pour des potes et sinon on reçoit pas mal d’offres de toutes parts et de tous genres.
Vital Signs est un titre vraiment entêtant et mélodique, et une fois que tu l’écoutes tu as du mal à t’en décrocher. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur ce nouveau single ?
Andrew : la première chose à dire c’est qu’il est très différent des autres morceaux qui sont sur l’album. La musique est délibérément plus calme voire sombre et elle vire un peu psychédélique sur les bords. (rires) A l’inverse, les voix ont une tonalité positive et c’est cette ambivalence qui le rend intéressant. D’un côté ça ressemble à une popsong et de l’autre, et surtout dans sa version album, il est vraiment étrange et il n’est pas évident. Ce n’est pas un morceau facile si l’on peut dire ainsi…
Vincent : La première fois qu’on l’a écrit, on avait déjà ces six à sept longues minutes de jam, cette longue intro et ces ponts sans fin. C’était juste un morceau à part, bizarre et étrange et au final on a conclu avec une fin à la Radiohead ! (rires)
Daniel : Nous on a jamais voulu ça ! C’est Vincent qui nous a forcé ! (rires)
Vincent : Ouais bon d’accord ! (rires) Mais cette partie là était déjà terminée et je ne réécoute jamais ce que je fais donc je n'ai même pas eu le temps de prendre du recul et de me dire : « Wow, en fait c’est une chanson pop maintenant ! » (rires)
Andrew : Quand on a commencé à travailler sur ce morceau, on a décidé d’introduire ces nouveaux passages pendant nos concerts. On l’a vraiment testé à fond. On voulait voir ce qui allait fonctionner ou non. En fonction des résultats obtenus en live, on modifiait ou non la base du morceau. Au final, si tu l’écoutes avec des écouteurs tu as un peu l’impression d’entre des samples en provenance directe des tribus d’Indonésie ! (rires)
Le Clip de Vital Signs a été dirigé par Krozm, pourquoi l’avez-vous choisi ?

Vincent : Ce sont des amis de longue date et ce clip a une véritable histoire derrière lui. On était en train de tourner le clip avec un autre mec aux Etats-Unis et pour je ne sais quelle raison tout le projet est tombé à l’eau. Il fallait impérativement que l’on trouve une solution de toute urgence. On avait déjà bossé avec Krozm sur un clip précédent et il semblait évident que c’était la seule personne capable de tourner ce nouveau clip dans les délais. On est vraiment très content du résultat surtout au niveau artistique. Le rendu collait très bien avec ces sculptures en spirales et d’ailleurs ce n’est pas une retouche Photoshop mais de vraies constructions. C’était très représentatif de notre aspect physique et mental lors de la composition de l’album.
Est-ce que vous vous êtres inspirés d’artistes comme Daft Punk sur des morceaux comme This New Technology ou encore Into The Galaxy ? Certains samples me font beaucoup penser à leur album Discovery …

Vincent : Je ne dirais pas qu’il y a d’influences directes de Discovery bien qu’on adore Daft Punk ! (rires) On a un respect immense pour ce qu’ils ont accompli ! On aime aussi bien leur musique que toute la recherche artistique qui existe derrière tout ça. Mais je ne pense pas qu’on soit directement inspiré par ce qu’ils font, ça doit être du au hasard… (rires) On a tous eu des goûts très divers question musique et quelques fois ils s’entremêlent les uns aux autres. Mais comme je te l’ai dit on a tous grandi avec des groupes dans la mouvance de Daft Punk.
Dans ce cas quelles ont été vos influences les plus marquantes ?

Andrew : Pas mal de musique des années soixante, fin des années soixante, et pour The Crystal Axis, on pourrait dire qu’il y a pas mal d’influences 70’s et aussi pas mal de musique électro un peu underground d’Angleterre, un peu de French Touch aussi. Mais on ne s’arrête jamais à une influence, on essaie d’être le plus ouvert possible.

Daniel : Pendant qu’on enregistrait l’album je regardais beaucoup de documentaires sur les westerns, j’écoutais pas mal les albums de Brainticket et d’autres trucs des 70’s et je pense que ça vraiment été ma base d’influences. Voila tout ! (rires)
Vincent : C’est vraiment étrange que Daniel soit à fond dans ce genre de musique, ca prouve notre divergence musicale puisque je trouve ça relativement chiant ! (rires) Non je déconne ! (rires)

Vous êtes invités au festival Benicassim cet été, c’est d’ailleurs l’un des plus connus, comment vous avez vécu cette annonce ?

Daniel : On est tellement excité ! On a entendu pas mal de choses à propos de ce festival. En 2008 on est venu en Europe pour la tournée des festivals et on n’a pas pu avoir la chance de faire Benicassim. C’était vraiment l’une de nos priorité cette année et on voulait vraiment y être ! Ça a l’air d’être énorme et ca va vraiment être excitant de jouer devant autant de personnes !
Allez soyons un peu chauvin et égoïste mais que pensez-vous du fait de jouer à Paris ?

Andrew : Ça fait plus d’un an et demi qu’on a pas mis les pieds ici. On aimerait même vivre à Paris pour quelques temps. En 2008, on avait même un appart ici. C’est vraiment très spécial pour nous d’être ici, c’est un peu comme notre résidence secondaire… (rires)

Cette annonce va ravir tout vos fans parisiens ! (rires)

Vincent : Je l’espère bien ! (rires)
Andrew : On ne peut pas dire que la salle de la Maroquinerie soit petite mais en comparaison aux salles où on joue d’habitude elle est relativement plus intimiste. C’était vraiment fait exprès car on voulait créer cette atmosphère particulière que tu as quand tu joues dans de petites salles. On pensait que ça serait mieux pour les fans, mais je sens que ca va être sympa !
Vincent : Le concert est complet depuis pas mal de temps déjà et donc je reçois des messages en masse pour des guestlists parce qu’on ne peut pas avoir de pré-ventes supplémentaire. Donc on a fait notre possible pour que tout le monde puisse entrer ce soir. On a pas mal d’amis ici et on a vraiment envi de tous les voir.
Vous avez un dernier mot à ajouter ? (rires)

Daniel : Humm …. Bonjour (rires aux éclats)
Vincent : … Ceci est un message spécial : Si jamais vous passez à Sydney un soir… (rires)
Andrew : Vas-y mec assume et dis le en français ! (rires)
Daniel : Quoi de neuf , pas de bleuf, c'est la teuf ! (en français, ndlr) Je ne sais même pas ce que cela veut dire exactement ! La honte ! Je crois que ça veut dire « Comment ça va ? C’est la fête ou je ne sais pas quoi ! » (rires) Ne mets pas ça dans l’interview je t’en supplie ! (rires)

Par C. R.
Remerciements : Phil A., Alicia D., N.L.

Official Websites :

http://www.twitter.com/juggernauts
http://www.myspace.com/midnightjuggernauts
http://www.midnightjuggernauts.com




5/27/2010

Nada Surf INTW - La force Tranquille.


Groupe à tendances cyclothymiques, Nada Surf survit avec force et vigueur entre vagues de popularité et périodes de creux grâce à un perfectionnisme outrancier et un investissement personnel des plus total.

Formé au début des années 90 par Matthew Caws (chant/guitare) et Daniel Lorca (basse/chant), ce n’est qu’en 1995 que l’ancien batteur de Fuzztones, Ira Elliot (batterie/chant), rejoint la formation. Projeté sous les feux de la rampe grâce à leur single Popular, issu de leur second album High/Low en 1996, leur simplicité n’a d’égal que leur talent. Le temps file entre nos doigts et pourtant quinze années plus tard, ce trio bohème et insolite possède à son actif pas moins de cinq albums et un disque de reprises, If I Had A Hi-Fi, qui sera dans les bacs d’ici juin 2010.

A l’occasion de la tournée promotionnelle de leur dernier opus If I Had A Hi-Fi, nous avons eu l’immense chance de découvrir certaines de leurs reprises en live. Délivrant un show d’une pureté et d’une humilité rarement égalées, ils partageaient en avril dernier la scène du Trabendo aux côtés de l’incroyable Martin Wenk du groupe Calexico. La combinaison semblait idyllique, l’atmosphère des plus intimistes, et toutes les conditions étaient réunies pour partager un délicieux moment de frugalité. Transcendant le magistral Love And Anger de Kate Bush, l’émotion et les larmes en devenaient presque palpables. Exploit magistral, le groupe réussi à s’imposer sur l’illustre Enjoy The Silence (titre original de Depeche Mode, ndlr), devenu dès lors méconnaissable et d’une incroyable fraicheur. Reprendre une chanson du domaine de la légende est une chose, mais se l’approprier au point d’en oublier les talentueux et mythiques Dave Gahan, Andrew Fletcher et Martin L. Gore relevait quasiment du paranormal.

Il semblerait que leur créativité soit actuellement à son apogée et cet étrange virage artistique n’est qu’une nouvelle forme d’expression artistique au travers des textes d’autrui. Sans hésitations aucune, le groupe gagne en profondeur grâce à une authenticité et un talent singulier. Certaines reprises sont à couper le souffle et sont déconcertantes en tout point. Opus d’un éclectisme peu commun, chaque titre devient significatif et semble avoir été choisi avec soin, intelligence et respect du travail des artistes originaux. Élevé au rang de pygmalion, Nada Surf révèle par le biais de ces reprises une ribambelle de groupes méconnus, tous unis par une même vitalité novatrice. C’est avec stupéfaction que des compositions étonnantes sont judicieusement mises en avant comme celle de Bill Fox, The Electrocution, ou encore l’entêtant Love Goes On, reprise du groupe The Go-Between.

Rencontre en toute simplicité avec Ira Elliot et Daniel Lorca, nous retraçons avec eux leur parcours, leurs vies et leurs façons très personnelles de tout prendre avec légèreté et honnêteté…


A propos de votre dernier album If I Had A Hi-Fi, était-il plus aisé de travailler sur des morceaux déjà composés par d’autres artistes ?

Dan : Oui ! Je veux dire par là qu’à la base on voulait faire quelque chose de simple, rapide et efficace et qu’une fois qu’on en aurait fini on aurait pu avoir un petit peu de temps devant nous histoire de respirer pour pouvoir nous attaquer par la suite à notre sixième album. En fait ca ne s’est pas vraiment passé comme ça ! (rires)
Ira :
Ça n’a pas vraiment fonctionné comme on l’espérait. (rires) Prendre des décisions au niveau de la créativité n’est jamais une science exacte. Donc on est tous aller rechercher sur nos librairies personnelles les morceaux qui nous plaisaient le plus. Au final on s’est retrouvés avec plus de 60 pistes ! (rires)

Dan : A vrai dire on en avait plus d’une centaine ! (rires) Les choses étaient très claire dès les premières fois où l’on s’est rencontrés. Les mecs viennent à la maison, c’est la-bas que l’on joue en buvant quelques bières, puis on se met à écouter les morceaux des uns et des autres. C’est un peu comme ci on se prenait pour des DJ en se disant « hey ! Vas-y jette un œil sur ce morceau ! » tout en restant dans cette optique. Donc oui au final chacun d’entre nous a apporté ses morceaux favoris mais dès le départ on savait que ça ne serait pas un album sur nos influences. Ce ne sont pas les douze titres les plus importants de tous les temps pour Nada Surf ! Il n’y a pas de morceaux cruciaux ou quoi que ce soit dans le genre !
Ira : Oui c’est vrai en un sens mais il me semble que l’on a déjà enregistré ce genre d’album avec nos morceaux les plus importants …
Dan : Oui tout à fait mais c’est l’exception à la règle puis quoi qu’il en soit on en fera jamais un album officiel.

Ca vous a pris combien de temps pour enregistrer ces reprises ?

Dan : Ça ne s’arrête jamais et c’est toujours le même processus pour chacun de nos albums. On se dit à la base que ca va nous prendre trois semaines et malheureusement trois semaines plus tard on a pas vraiment fini donc prolonge la date limite, on rajoute de nouvelles sessions d’enregistrement… On a remixé le tout cinq fois, on a tout remasterisé trois fois et quant au design on l’a revu au moins une quinzaine de fois… (rires) Pour être sincère et honnête c’est vraiment de cette façon que « Nada Surf » travaille. Pour If I Had A Hi-Fi, ca nous a pris quasiment autant de temps que lorsque l’on compose nos albums et ça nous est revenu vraiment très très cher… (rires) Donc au début on ne voulait pas vraiment faire une tournée spécifique pour cet album mais on s’est tellement investis et on y a placé tellement d’argent… On s’est dit qu’on devrait peut-être faire une petite tournée avant d’avoir dilapidé notre fortune et d’être incapable de sortir notre prochain album ! (rires)

Pourquoi avez-vous décidé de faire un album de reprises ? J’entends par là que vous auriez pu y inclure certaines de vos nouvelles compos…

Ira : L’idée de base était de faire les deux. Au départ, le titre de l’album n’était pas If I Had A Hi-Fi, mais Covers, Ours And Others. Donc l’idée était de sélectionner quelques uns de nos morceaux comme Vital Virgin de The Fox dans une version reggae ou dub (rires). Le résultat n’était pas vraiment au rendez-vous et il s’est avéré que le titre avait bien plus d’impact que le simple fait de reprendre nos propres morceaux. C’est beaucoup plus facile de bosser sur tes titres, c’est bien plus émotionnel et de manière générale ça serait assez dur de demander à Matthew de nous sortir douze à quinze pistes comme ça. Concernant If I Had A Hi-Fi, on revenait tout juste d’un an de tournée non-stop et on était vraiment crevés ! On pensait qu’utiliser le matériel et les bases d’autres artistes serait plus aisé parce qu’on s’imaginait que le la seule chose qu’on aurait à faire serait de faire des choix basics comme « On va le faire plus vite là et plus lentement ici. Un petit peu plus fort et un peu moins bruyant etc. ». On n’était pas censés reprendre tout à zéro parce qu'en comparaison, écrire une nouvelle chanson en rapport avec ton expérience perso paraît tout de suite beaucoup plus simple au final !
Dan : Mais ce qui est vraiment intéressant c’est qu’on était tous d’accord sur un point : « Ne faisons pas ce sixième album maintenant ». (rires) Mais lors de la compo de cet album de reprises et tout ce qui l’entoure j’ai vraiment eu l’impression que j’allais mourir de fatigue. (rires)
Ira :
Non ca aurait pu être sympa mais on avait vraiment besoin d’un break car nous étions tous sur la réserve. Faire ce métier, voyager et jouer tout le temps c’est vraiment très épuisant…

Oui c’est sur que devoir répondre à toutes ces interviews ca doit être barbant (rires)

Ira : Et oui toutes ces interviews sont…. Oh mon Dieu je ne trouve pas les mots ! (rires)
Dan : Tout spécialement les interviews (rires)

Les artistes que vous avez repris viennent d’univers musicaux très différents ? Pourquoi avoir fait des choix si éclectiques ?

Ira : On avait vraiment envi de le faire par rapport aux choses qu’on aime. On aime pas mal de trucs un peu obscurs au niveau musical donc on trouvait ca relativement marrant de partager ça sur cet album. J’étais complètement obsédé à l’époque par le morceau The Electrocutions. Ca ressemble pas mal à une démo, un peu comme ce que produise les groupes à leurs débuts avant d’être célèbre. Cela me faisait pas mal penser à notre propre parcours. La plus part des artistes que l’on a sélectionné ont de petites chansons peu connues et c’est vraiment plus sympa de bosser sur ces types de morceaux. On a beaucoup plus de liberté ainsi. On a fait cet album dans le but de mettre notre touche perso sur ces titres et de faire en sorte qu’ils deviennent nôtres.
Dan :
C’est pas con comme idée… (rires)

Ira : Non, mais une chose est sure : avoir une liste est une chose mais t’asseoir pendant des heures afin de choisir les morceaux les plus intéressants, les écouter et essayer de les jouer à ta sauce en est une autre. C’est à ce moment précis que tu prends conscience que ça va être très facile de bosser sur ce morceau et qu’un autre va vraiment représenter un challenge.

Visiblement, c’est toujours de cette manière que vous procédez que ce soit pour Lucky, If I Had A Hi-Fi ou The Weight Is A Gift…

Dan : On procède toujours de cette façon pour chacun de nos albums. Quand on a commencé à bosser sur Lucky ont avait en stock près de 36 chansons mais bien malheureusement on ne peut en placer qu’une douzaine et ce sont elles qui se choisissent. Il y a des morceaux qui sont, si je puis dire ainsi, des battants. Ils ne veulent pas que tu les termines, ils ne veulent pas être enregistrés et tu peux tourner en rond comme un idiot avec tes morceaux pendant des années. Quand je repense à See These Bones, c’est une chanson de 6 ans d’âge ! Je dois avoir près de 400 versions de See These Bones sur mon pc. Je t’assure je ne mens pas ! (rires) on a les versions acoustiques, avec les chœurs, les couplets différents etc.

En définitive vous auriez presque pu sortir un album spécial See These Bones… (rires)

Dan : Ouais bon en fait c’était une blague mais tu vois les japonais sont assez chiants avec ce genre de trucs ! (rires)
Ira : Enfoirés de japonais ! (rires)
Dan : Ils sont toujours en recherché d’exclusivité que ce soit au niveau des morceaux qu’au niveau des artworks etc. A partir de ce moment là on est obligé de rechercher des morceaux exclusifs qui n’ont jamais été sortis ailleurs spécialement pour le Japon. D’ailleurs c’était presque devenu une petite blague perso comme « et à propos si on… »
Ira :
… Si on faisait un album à 100$ ! (rires)

Dan :
(rires) Un album à 100$ avec nos 423 super versions de
See These Bones… (rires)
Ira : Avec un graphisme différent sur chacune des pochettes et quand tu l’étalerais sur le sol ça deviendrait une sorte d’énorme poster ou de puzzle géant ! (rires)

Donc pour vous reprendre et sans revenir sur l’épisode japonais (rires), à chaque fois que vous bossez sur un album vous avez des dizaines de compos et ensuite le choix se fait de lui-même…

Dan : Oui c’est exactement ça ! On a débuté exactement de la même façon pour cet album. On avait une liste interminable de titres mais ce n’était pas vraiment le plus important et on a vraiment fonctionné à l’instinct. On a juste laissé passer l’énergie de chacun des morceaux et la sélection s’est faite naturellement. On a pas vraiment de ligne directrice quand on compose un album tous les trois. Quand on s’est attelés à The Weight Is A Gift on était persuadés qu’on allait faire un album super rock n’ roll un peu à la Queen Of The Stone Age parce que c’est un peu l’image que l’on avait de nous sur scène… (rires) Mais avec un peu de temps et de recul on s’est aperçus que parmi les douze morceaux que l’on avait présélectionnés aucun n’était vraiment rock. Au final, l’album avait une toute autre signature.

Etait-ce un choix perso et délibéré de votre part ou est-ce que vous avez suivi les conseils ou directives de vos producteurs ?

Dan : Non, ce sont les chansons qui dirigent la machine ! On a pas vraiment le choix, elles s’imposent d’elles-mêmes sur l’album pour lui donner un style bien défini. Il y a quelques personnes qui font des albums un eu conceptuels un peu comme Benjamin Biolay…
Ira :
Au passage aucun producteur ou manager ne choisit quoi que ce soit pour notre musique ! On en a déjà bien bavé par le passé…

Dan :
C’est vrai que ça a été relativement difficile. Mais ne nous étendons pas sur ces vieux sujets et revenons à Benjamin ! (rires) Donc il y a des artistes comme Benjamin Biolay qui aime faire des albums conceptuels. Il voulait que le nouvel album de sa sœur soit uniquement composer avec des instruments destinés aux enfants ou des jouets enfin des trucs bizarres dans ce genre… (rires) Je pense, en parlant au nom de tous, qu’on a jamais envisagé notre musique sous cet angle. Au départ on a vraiment aucune idée de ce que ca va donner. On est juste plongés dans une sorte de brouillard dense et opaque et on attend juste de voir comment les choses vont tourner.

Ira : C’est un peu comme-ci tu emballais toutes tes affaires du jour au lendemain sans savoir où tu vas et tu découvres un nouveau pays et tu te rends compte sur le tard d’où est-ce que tu as atterris ! (rires)

Revenons un instant sur votre reprise d’un des morceaux phares de Depeche Mode, Enjoy The Silence. Est-ce que ça a été plus compliqué de vous imposer et d’apposer votre marque sur un morceau tant connu et déjà repris de nombreuses fois par des groupes comme Lacuna Coil, Keane ou encore It Dies Today, pour ne mentionner que ceux-là…

Dan : Je n’étais pas au courant de tout ça ! (rires) Je n’ai pas vraiment écouté les reprises de ce titre faites par d’autres artistes. Mince ! J’aurais peut-être du ! (rires)
Ira : Je crois que l’idée vient de Matthew parce qu’il venait à peine de l’entendre à la radio ! On s’était mis dans la tête de la jouer comme-ci on l’avait écrite nous-mêmes. C’était relativement complexe comme travail puisqu’une grande partie des cordes avaient déjà été remixées et transformées dans un style sombre et bizarre sur la version originale. Je ne sais plus qui est au synthé/piano mais seul quelqu’un qui joue de ces instruments peut être capable de tels changements… Et pas forcément un guitariste… Et Matthew a eu cette sublime capacité et cet instinct extraordinaire de transformer de nouveau les cordes afin de s’approprier le morceau et de le faire sonner comme-ci il était issu d’une compo de Nada Surf.
Dan :
J’ai vraiment essayé de ne pas prêter attention à toutes ces autres reprises ni même d’écouter la version originale. Je voulais juste jouer cette chanson avec Matthew et Ira histoire de créer quelque chose de plus personnel sur le plan de la créativité. A partir de là, on a essayé de détourner les arrangements originaux en se disant au fond de nous “Allez ! On s’y colle!” et quand en plus de tout cela tu as cette incroyable liberté de ne pas connaître un morceau, ça te permet d’extérioriser une sorte d’instinct créatif. C’est à ce moment là que tu peux exprimer ton fort intérieur parce que justement tu n’as pas de fil conducteur. C’est donc beaucoup plus compliqué pour moi quand on bosse sur des morceaux que je connais déjà…


Les morceaux ont souvent une sorte d’énergie particulière qui justifie leur présence sur un album au milieu d’autres chansons et il y a forcément une raison pour laquelle vous avez choisi certaines pistes et non d’autres…

Dan : C’est clair ! C’est impressionnant de s’apercevoir à quel point chaque morceau a sa propre raison d’exister, une sorte de « raison d’être » (en français, ndlr) innée à certains morceaux qui s’imposent d’eux-mêmes. L’une des principales raisons pour laquelle ont a choisi des morceaux peu connus comme reprises, c’était parce que c’était une injustice insupportable pour nous que des chansons si magnifiques soient méconnues du public. C’est exactement comme ça que les choses se sont mises en place pour celle de Bill Fox. Si tu fais une recherche sur Google tu ne trouveras rien sur ce type alors que tu peux trouver des infos sur ton voisin de palier. C’est vraiment n’importe quoi et c’est une injustice énorme. Je pense qu’il n’y a pas de raisons plus valables que celle-ci pour justifier que l’on a choisi tel ou tel morceau. Chaque morceau à sa petite histoire et le fait que l’on travaille dessus pour faire ressortir cette histoire est quelque chose de vraiment merveilleux.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration lorsque vous composez ?

Ira : Je pense qu’on a chacun nos propres sources, influences dont on s’inspire. Pour moi c’est un peu comme un puzzle mystérieux voire mystique… (rires) Je m’inspire beaucoup du jeu de certains batteurs dans le sens où je me dis : “Tiens ça serait pas mal si je faisais un truc dans ce style. Je suis sûr que je peux le faire aussi !” Donc je regarde à droite à gauche puis après je mixe le tout dans ma tête et je regarde ce que cela donne.
Daniel : Ce que j’essaie d’éviter au possible c’est que la musique ressemble à quelque chose qui existe déjà. Il n’y a rien de plus désagréable ! J’ai pas envi qu’on vienne me dire : « tient ça me fait penser au Pixies ». J’adore ce qu’ils font bien entendu mais je préfère quand notre musique sonne comme Nada Surf et il n’y a rien de plus gratifiant a être apprécié pour ce que tu as créé à la force de tes bras en quelques sortes… (rires)

On sait désormais que vous entretenez une relation particulière avec la France et son milieu artistique, est-ce pour cela que vous avez décidé de reprendre Bye Bye Beauté de Coralie Clément ?

Ira : Non, c’est juste que c’est une artiste de talent qui ne passe pas inaperçu ! La plus part de ses compos sont des tubes. Mais l’une d’entre elles nous a vraiment marquée ! Si l’on voulait juste faire un tube ou un morceau correct on avait juste à se servir sérieusement ! Mais sur cette mélodie on a vraiment ressenti quelque chose de particulier et on savait qu’on pourrait lui apporter ce petit plus. (rires)
Dan :
On se penche pas mal sur la musique française, on adore ça ! Benjamin Biolay voulait que Coralie Clément s’oriente dans un style beaucoup plus rock. J’ai voulu lui donner un coup de main et ça a été la cause de pas mal de discordes amicales. (rires) Je lui disais « Si tu veux faire un album rock tu devrais t’entourer de musiciens différents. » Non pas que ses musiciens soient mauvais. Au contraire ce sont des experts mais le problème est justement à ce niveau. Ces mecs sont d’excellents joueur de jazz ou de bossa nova mais il leur manque cette spontanéité que tu retrouves chez des mecs de 20 ans, qui jouent à l’arrache et qui ont à peine de quoi se payer des cordes de rechange pour leur guitare… (rires)

Ira : Des mecs qui n’ont rien à perdre un peu à la mode « NO FUTURE » ! (rires)
Dan : C’est exactement à ca que je pensais et sur un morceau aussi formidable que celui là il fallait vraiment que l’on puisse amener les éléments primaires du rock afin de créer quelque chose de nouveau et d’indépendant.

Comment vous avez vécu l’enregistrement de ce morceau qui vous tient tant à cœur ?

Dan : C’était complètement frustrant ! (rires) Ce titre à ce truc spécial typique des morceaux de Nick Cave And The Bad Seeds. Une sorte de tension incontrôlable qui ne cède à aucun moment. J’adore Nick Cave And The Bad Seeds mais je préfère quand les choses explosent sinon “ça m’agace”. Pour ce titre de Coralie, je voulais vraiment casser cette tension insoutenable et que l’on puisse lâcher prise. Par la suite, on l’a testé et joué et on est relativement fiers du résultat. (rires) Les paroles de cette chanson me rendent limite parano ! Les histoires d’amours qui s’effondrent sont tellement universelles que j’avais l’impression que Coralie avait décrit tout au long de ce texte ma propre rupture avec untel… Cette chanson est dingue ! (rires)

En France, vous avez fait un carton à mi-parcours grâce à votre single Always Love et en particulier l’album The Weight Is A Gift. Ca a été comme un second souffle dans votre carrière, non ?

Dan : Je crois que ce morceau à vraiment très bien marché en France, non ? Sur notre petite planète Nada Surf il y a toujours des tubes capables d’être les numéros un… (rires) Sinon on ne s’embêterait pas à les mettre sur nos disques ! (rires) Mais je pense que pour Always Love on aurait pu le catégoriser de 'hit' numéro 2 ou n’importe quoi d’autre… (rires)
Ira : Non, on ne pas dire qu’il y a des hits 1 ou 2 ou 3 ou je ne sais quoi d’autre. Je pense juste qu’il y a toute l’ancienne vague Nada Surf qui a émergé grâce à notre single Popular. Ce morceau a vraiment été un tremplin pour nous. Et d’un autre côté, on a eu le droit à une deuxième vague de popularité quand Always Love est sorti, et on a vraiment eu l’impression de passer un cap et dans un certain sens on était presque un second groupe.
Dan : Au-delà de tout cela, j’ai vraiment eu l’impression que jusque cet album, on enregistrait presque toujours dans une sorte de bulle protectrice. Pour The Weight Is A Gift on s’en est vraiment servi comme d’un exutoire. Sérieusement, on avait aucun agent, ni de manager ou label et encore moins les moyens de faire les choses aisément sans trop se poser de question. Détaché de toutes ces contraintes, on était beaucoup plus libre de nos actes et surtout on n’avait aucun compte à rendre à qui que ce soit, excepté entre nous. Je pense que ça a vraiment été un déclic et depuis on bosse toujours de cette même façon. Lorsque Lucky est sorti notre agenda était blindé. On avait presque plus le temps de vivre ou de respirer. Pour celui-ci, on avait vraiment zéro contraintes puisque ce n’est pas considéré comme un album de Nada Surf à part entière. Il n’y a pas de meilleure façon de faire de la musique. Tu vois, tu envisages, tu écoutes ton propre ressenti, tu laisses les choses se faire d’elles-mêmes et advienne que pourra ! (rires)


Par C. R.
Remerciements : Melchior, Marine M., Pascal T.

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5/18/2010

Ed-Äke - Escale sur la Route 66.


Ed-Äke - Decadence & Poetry (2010, Discograph).



Retour aux bases fondamentales du rock, Ed-Äke revient cette année avec un nouvel album saisissant et haletant, Decadence & Poetry, produit par 3Cinks et sorti sur le label Discograph en mars dernier. Loin des affres du fatidique second opus, il semblerait que le groupe ait eu besoin de raviver sa fibre musicale initiale.

Après avoir sorti un EP inaperçu Stade Kritik (2003) et à l’inverse, un premier album remarquable, mélange audacieux de métal et de power rock, In loving Memory Of A Dead Rock Band (2007), Ed-Äke se réinvente cette fois-ci dans un style plus authentique et naturel, faisant appel à leurs instincts primaires. Bercé sous les influences folk, grunge et alternative, le groupe retrouve un second souffle et mets en avant l’essence primale du rock en exploitant les innombrables potentiels des guitares. Leurs inspirations semblent intuitivement issues de la mythique Route 66 et l’influence de groupes américains se fait fortement ressentir tout au long des morceaux. Exploit émérite, Ed-Äke réanime la scène grunge des années 90 et rend ainsi un hommage sincère et fidèle à des groupes tels que Nirvana, Soundgarden, Pearl Jam ou encore Alice In Chains. Enregistré en partie en Belgique entre les studios Caraïbes et Rec N’ Roll, le groupe a reçu le soutien de Charles de Schutter et Patrice Focone, respectivement ingé son et guitariste du groupe de pop-rock Superbus. Mais c’est sur Paris aux Studio De La Reine et au Studio Davout que les voix et les arrangements ont été pris. Après trois mois de travail intensif et extrême, les membres chevronnés d’Ed-Äke délivrent désormais une musique spontanée, simple et efficace.



Se frayant un passage au fil des aléas de l’album, Singing Like A Rifle donne le ton et si l’on passe outre la mélancolie innée du morceau, cette intro semble annoncer le renouveau du groupe. Arrive ensuite Shot Down In Pieces, dont les guitares distordues et entrainantes suscitent un vif intérêt à la première écoute. En connexion directe avec la sublime voix baryton de Chris Cornell, le chanteur du groupe, Dimitri, a pris en grade et sa voix se fait plus souple et suave. Sans présomption ni prétention, des morceaux efficients tels que Heads Or Tails, You Don’t Know Me ou encore The World Through My Eyes rappellent les palpitantes envolées rythmiques et mélodiques d’Audioslave. Les riffs se font plus présents et précis que sur le précédent opus et les guitares sont ainsi savamment mises au premier plan. Fix, interlude captivant et nécessaire, semble être à part et entraine à lui seul dans un univers légèrement décalé et dissonant du reste des compositions. Ce titre agit comme un véritable temps de décompression. Les composants sont plus distincts sur cet opus et c’est notamment sur des balades telles que Happiness et Cry Away My Love que leurs démonstrations se font les plus effectives possibles.



L’âge de la prospérité n’est peut-être pas encore à l’ordre du jour mais il est certain qu’avec Decadence & Poetry les membres d’Ed-Äke ont su faire appel à leur sensibilité instinctive pour délivrer un album à la fois crédible et sincère. Au-delà du concept séculaire du revival de la scène rock, le groupe est vraisemblablement sur les voies impénétrables de la réussite et indéniablement, l’exportation à l’international semble des plus envisageable.



Par C. R.

Remerciements : Marine M., JB, Phil A.


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5/11/2010

Crystal Castles - Les abysses de la perfection.

Pic : All Rights Reserved. Pitchfork : http://pitchfork.com/


Live Report Crystal Castles @ Nouveau Casino, April, 26th. 2010

Entre dérives mentales et perfectionnisme obscur, l’énigmatique duo canadiens Crystal Castles ne laisse jamais indifférent.


Formé comme projet en 2003 par Ethan Kath, c’est lors de tests micro que l’actuelle chanteuse du groupe, Alice Glass, pose accidentellement sa voix sur quelques pistes. Le morceau "Alice Practice" se retrouve alors mis en ligne sur Myspace, profitant ainsi du buzz médiatique qui entoure le site, l’inévitable ascension du groupe leur permet de sortir un premier EP, Alice Practice, courant 2006. Ils décident par la suite de se lancer dans la réalisation d’un premier opus sur le label Last Gang Records. Crystal Castles, album éponyme, sort en 2008 et compte parmi ses seize pistes, des morceaux détonants tels que "Air War", "Vanished" ou "Crimewave".

Leur musique à signature 8-bits oscille savamment entre électro, noise pop et expérimentale. Résultante directe de l’esprit créatif d’Ethan Kath, leur style musical est facilement identifiable tant il est inspiré des anciennes consoles de jeu Atari. Utilisant les techniques de l’échantillonnage, tout comme leurs extravagants prédécesseurs de The Art Of Noise, la dimension torturée de leurs compositions agit de manière intuitive et instinctive sur nos fonctions primaires cérébrales.

Suivis de près par les critiques avides de Pitchfork et NME, leurs popularité n’a d’égal que les incessantes accusations de plagiats. Passant outre, la virtuosité de Crystal Castles ne réside pas uniquement dans la cinglante efficacité de leurs morceaux. Leurs prestations scéniques, toujours excentriques et insolites, sont irrémédiablement délivrées dans une transe des plus insondable. Partageant souvent l’affiche avec des artistes de talents tels que Nine Inch Nails, Metric ou encore The Teenagers, la conjoncture semble idéale puisqu’ils sont actuellement de passage à Paris, date intermittente de leur tournée internationale. La scène du Nouveau Casino, sold out depuis quelques semaines déjà, accueille ce soir-là les prodiges de l’electro trash.

Concert "tendance" oblige, la présence d’une première partie encensée par les mêmes critiques anglo-saxonnes semblait évidente. En pleine expansion, Team Ghost ouvre la soirée et c’est avec étonnement que le public découvre un son bel et bien français, tout droit inspiré du mouvement post french-touch. Après deux albums coécrits avec Anthony Gonzalez sous le nom de M83, Nicolas Fromageau décide de s’allier à Christophe Guérin et de sortir début 2010 un premier EP, You Never Did Anything Wrong, sur le label anglais Sonic Cathedral. Malgré un concert sans fioritures, les attentes sont trop divergentes et importantes pour satisfaire une assemblée lassée dès les premiers morceaux.

Après un interlude des plus longs, l’ennui mêlé à l’excitation exacerbée des fans arrive enfin à son terme. Cachés dans la pénombre du Nouveau Casino, les membres de Crystal Castles prennent place sur scène. Ethan Kath introduit alors subtilement les samples d’un morceau encore inconnu. Exclusivité live oblige, une partie de leur nouvel album nous est ainsi implicitement délivrée et les beats incessants de "Fainting Spells" agissent alors comme un sortilège dérangeant et dérangé. "Baptism", hymne techno magistral , provoque le premier soubresaut du concert. La foule déchainée accueille ainsi en son sein une Alice impériale, proche de l’hystérie. La contagion est immédiate, et dans un mouvement convulsif et passionnel, Ethan rassemble le public sous les sons addictifs et lyriques de "Courtship Dating", suivi par l'un des titres explosifs de leur nouvel opus, "Empathy", invitation onirique à l’exaltation des sens. Il semblerait que les mélodies vaporeuses et entêtantes de cette chanson enivrent langoureusement notre esprit.

Telle une déclaration de guerre ouverte, les premiers beats ravagés de l’emblématique "Air War" investissent la salle. La fosse se retrouve instantanément disloquée par une énergie transcendantale. Dans un élan d’ivresse musicale, Alice se lance au milieu de son public, déjà compressé à son quasi point de rupture. Entonnant ses cris acérés, elle compose avec exaltation et fanatisme dans un mouvement démentiel et apocalyptique. "Alice Practice", souvenir inaugural et "Crimewave", témoignage permissif et trendy, rappellent avec ferveur les prémices du groupe. S'en suit le virulent et électrique "Intimate" qui clôture la première partie d'un set dont la démesure fut a la hauteur des espérances.

Dépossédée de toute âme ou conscience, la foule réclame sa dose additionnelle, encore et toujours le besoin se fait ressentir comme crucial et élémentaire. De nouveau précipitée dans une longue attente fiévreuse, la foule, galvanisée, inonde la salle sous les cris de rappel. Placé sous le signe de l’efficacité et la simplicité, chaque seconde de cet Encore tant désiré est pleinement savouré mais le manque est désormais incoercible. Les dernières notes de "Black Panther" et du fascinant "Yes/No" s'effectuent dans l'adulation la plus totale. La présence dans la salle du talentueux couturier Jean Charles De Castelbajac n'entache en rien le moment passé. Le constat reste cependant affligeant : le combo semble devenu la nouvelle coqueluche des défiles automnes-hiver 2010. A des années lumières de ce tapage médiatique, le groupe s'éclipse discrètement mais leur présence incarne profondément chaque esprit présent.

Le génie créatif d'Ethan et Alice s'épanouie dans la permanence de leur introspection et c'est dans ce repli semi-autistique qu'émergent les compositions lancinantes et abyssales du groupe. Voyage initiatique ou doses récurrentes, les prestations extravagantes de ce duo incontrôlable ont un pouvoir libérateur dont l'évasion psychique semble être le premier effet paradoxal. Sans besoin de prescription préalable, Crystal Castles s'injecte sans consentement par intraveineuse et procure cet électrochoc nécessaire à toute expansion personnelle.


Par C. R.

Remerciements : Marine M., Chris Mc C., Dean R., Melchior.



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5/06/2010

Dan Black INTW - La conquête de l'Ouest.

Pics : All rights reserved. Phil Abdou.



Le talent d’un musicien se jugerait-il à son habileté à être un artiste complet ? Si tel est le cas, il serait difficile de ne pas concéder à Dan Black des prédispositio
ns certaines et une fibre artistique excessivement développée.

C’est avec audace qu’il décide de composer un mashup en hommage au feu rappeur Notorious B.I.G., associant son morceau “hypnotise” aux beats du très célèbre “Umbrella” de Rihanna. Coup de génie puisque la vidéo de “HYPNTZ” est un succès tel qu’il se doit, pour des questions de droits, de recomposer les paroles et d’assigner son titre sous le nom de “Symphonies”. Dan Black gagne par conséquent en popularité et c’est sous le label Polydor qu’il sort son premier album solo ((UN)) courant 2009.

Producteur, compositeur, il travaille également sur de nombreuses mixtapes comme “Pass That Head Noize” ou “Weird Science”. Aurait-il le don d’ubiquité que cela ne nous étonnerait pas. Après avoir été désigné “Single de la Semaine” avec “Symphonies” par Itunes US fin 2009, son album ((UN)), ré-édité pour l’occasion, inclu un duo exclusif avec le rappeur américain Kid Cudi. Mais c’est dans sa version originale qu’il réussit l‘exploit de placer son single à la 40e place du Billboard's Alternative Songs chart.

Suivi par une tournée US intense, il pose ses valises à Austin, Texas, à l’occasion du très renommé SXSW (South By South-West Festival, ndlr) pour une série de concerts. Ce rendez-vous musical compte parmi les plus attendus aux États-Unis et sa réputation tient en son incroyable capacité à produire des artistes du monde entier. C’est donc auprès d’une centaine d’artistes locaux et internationaux tels que Idiot Pilot, Melissa Auf Der Maur, Motörhead, You Say Party ! We Say Die !, ou encore les frenchy de Cocoon qu’une place lui est octroyée.

Artiste passionné, l’intelligence de Dan Black réside certainement dans son époustouflante capacité à s’adapter à toutes les situations en insufflant une énergie qui lui est propre. Son univers acidulé associé à son flow proche du phrasé hip-hop agissent tel un vent de nouveauté au niveau de la pop actuelle. Revenant tout juste d’une tournée américaine, où sa wonky-pop a été accueillie avec un enthousiasme certain, il profite de ces brefs instants de déconnexion pour prendre un peu de recul sur sa récente ascension. C’est avec spontanéité et habileté qu’il se confie sur ses projets à venir et qu’il revient sur son featuring avec Kid Cudi et sa participation au SXSW




Comment en es-tu venu à faire un featuring avec Kid Cudi ?
Dan Black : C’était un accident ! (rires) L’un de ses amis avait entendu quelques uns de mes morceaux et ils les a fait écouter un soir à Cudi. Cudi les a écouté et a adoré et il m’a demandé s’il pouvait avoir la version instrumentale de "Symphonies". Je lui ai donc envoyé. Il a enregistré quelques voix et deux jours plus tard il m’envoyait un mail dans lequel il me disait qu’il avait adoré bosser dessus car c’était super simple et aléatoire.

Est-ce que tu aimes ce qu’il fait en règle générale ?
Dan Black : Au niveau de "Symphonies", j’ai adoré ! J’aime également ce qu’il fait en tant que musicien et je trouve que son single "Day And Night" est une tuerie !

J’ai appris que tu revenais des Etats-Unis, c’était comment ?
Dan Black : Incroyable, intense, massif et un peu interminable. (rires) C’est gigantesque comme pays et là-bas j’avais l’impression de travailler sans relâche. On était toujours short au niveau timing mais c’était vraiment très sympa et amusant. J’y suis allé à l’occasion de ma tournée et c’était sans fin. Je suis allé un peu partout, New York, Chicago, Austin, Los Angeles, San Francisco, Miami…

Tu es allé au SXSW, non ?
Dan Black : Oui et encore une fois c’était intense ! (rires) On a joué pas moins de huit concerts en trois jours! C’était vraiment dément mais ça faisait vraiment du bien même si c’était un peu rude.

Quel est le meilleur moment que tu retiens de cette tournée ?
Dan Black : Le SXSW et tout ce qui tourne autour de ce festival. Je m’y suis vraiment éclaté. J’aime la façon dont les choses y étaient condensées.

Est-ce qu’il t’es arrivé quelque chose de « fou » sur cette tournée ?
Dan Black : Le travail en lui-même ! (rires) Faire tous ces concerts, mon agenda était relativement dingue ! Je crois qu’en six semaines je n’ai eu qu’un seul jour de repos et tous les autres jours je les ai passé à bosser. C’était vraiment crevant ! Demain ce sont mes deux premiers jours de repos depuis près de deux mois donc je suis un petit peu fatigué. (rires)

Que penses-tu de ta popularité aux Etats-Unis ?
Dan Black : Tous les concerts que nous avons fait étaient complets mais je ne sais pas c’est vraiment difficile de juger. Il y avait presque 500 personnes à tous nos concerts mais c’est compliqué pour moi d’avoir une perspective objective car je ne connais pas les « taux » américains donc est-ce que pour eux c’est genre normal ou autre, je n’en ai strictement aucune idée. Je sais juste que sur le moment j’en profite à fond mais dès que je prends un peu de recul je trouve ça relativement irréel. C’est vraiment difficile de me « jauger ».

Quels sont tes projets dans les mois à venir ?
Dan Black : Comme je te l’ai dit j’écris pour plusieurs artistes et je compte continuer dans cette voie là. Je vais également partir de nouveau en tournée outre-Atlantique dans deux ou trois semaines. Ca va vraiment être une tournée énorme. Tout l’été je vais être aux Etats-Unis puis en Australie et au Japon. Tout ça en même temps que je compose pour les autres alors je vais peut être essayer de me caler un petit peu de temps pour composer pour moi-même. (rires)

Ok, ca va tout fonctionne plutôt bien pour toi à l’étranger, non ?
Dan Black : Oui c’est clair ! Et j’en suis vraiment reconnaissant !

Ton album a été réédité dans une version limitée, un peu collector, qu’est-ce qui le différencie de sa première version ?
Dan Black : Je ne suis pas vraiment impliqué dans ce genre de chose donc il faudrait voir directement avec mon label. Je pense qu’ils ont du ajouté quelques remix et le featuring avec Kid Cudi mais je ne l’ai pas vu donc je ne pourrais pas en dire plus car c‘est différent en fonction du pays où c‘est sorti. J’étais aux Etats-Unis ces deux derniers mois et depuis que je suis rentré j’ai directement enchainé avec deux shows en France donc j’ai pas vraiment eu le temps de vérifier ça mais ça m’intrigue. Je pense que dès que je rentre chez moi je vais essayer d’en chopper un. (rires)

Est-ce que tu travailles déjà sur de nouvelles chansons ?
Dan Black : Pour le moment je suis plus dans la production. Je fais pas mal de choses dans ce domaine et j’écris beaucoup pour des artistes relativement variés. C’est juste différent. Quand j’ai composé mon album j’étais vraiment seul avec moi-même. Etant donné que je suis toujours à droite à gauche, je bosse beaucoup avec mon pc portable et un micro, en envoyant des mails ou par téléphone. Mais si je dois parler en termes de ce que je fais actuellement pour moi, je n’ai pas vraiment le temps d’y penser à vrai dire et c’est vraiment relaxant. J’ai bossé sur une mixtape récemment c’est “Weird Science” elle est sur mon site et une autre aussi avec pas mal des remixes et des reprises, ça s’appelle “Pass That Head Noize”. Je crois que je l’ai joué d’ailleurs la dernière fois à La Maroquinerie.

Des Festivals de prévus cet été ?
Dan Black : En France ? Rien n’est moins sur. Je ne sais pas trop ce que mon management a prévu mais je l’espère. J’adore participer à des festivals français. Au niveau de l’étranger, oui puisque je pars aux States. Malheureusement, je ne peux pas faire le Coachella parce que c’est en ce moment même. C’est vraiment dommage…

Quelles sont les choses qui sont les plus importantes à tes yeux aujourd’hui?
Dan Black : Essayer de ne pas devenir taré ! (rires) Trouver un peu de temps pour réfléchir et me reposer, c’est quelque chose de précieux. Je suis vraiment surexcité en ce moment parce que c’est quelque chose de rare et j’ai un peu de mal à trouver les mots pour l’exprimer. Je veux dire que c’est relativement inhabituel d’aller aux Etats-Unis pour une aussi longue tournée, puis de partir un peu partout dans le monde et y délivrer ma musique. C’est très excitant et je vais faire en sorte d’apprécier chaque instant !

Quelques groupes que tu aimes écouter en ce moment ?
Dan Black : JJ ! C’est un duo suédois ils ont sorti deux albums je crois JJ n°1 et JJ n°2. J’adore écouter ça en ce moment. J’aime aussi Dada Life. Ils ont fait un remix de "Symphonies" qui est vraiment pas mal.

Un petit aparté mais ce qui t’as relancé c’est cette vidéo « maison » de Symphonies, tu peux nous en dire plus ?
Dan Black : Elle a été faite un peu partout pout tout te dire. Indonésie, Hong Kong, Londres, Paris… J’étais en vacances avec quelques amis tout un été et j’avais cette chanson sur mon téléphone. C’était parti sur un délire à la base juste de mettre en route la chanson sur mon téléphone et de chanter "Symphonies" comme ça. Juste moi avec la caméra. C’était assez drôle en définitive ! (rires)

Comment tu te sens juste avant de monter sur scène ce soir ?
Dan Black : j’aime jouer à Paris, je vis aussi à Paris, donc c’est toujours un peu particulier quand je joue ici. Je suis très excité ! (rires) On a changé la setlist depuis la dernière fois histoire de garder un certain intérêt, c’est celle qu’on a joué aux Etats-Unis donc ca va être un set à l’américaine ce soir ! (rires) Je me sens relax et je suis vraiment content de faire un concert parce que c’est ce que j’aime !


Une petite info de dernière minute concernant ton prochain single ?
Dan Black : je pense que ce sera "Pump My Pumps" ou "U+Me". Pourquoi pas "Life Slash Dreams"… J’adore ce morceau aussi ! On va le jouer ce soir d’ailleurs. On a le droit à un show de près de 50 minutes donc on croise les doigts et tout devrait bien se passer !


Par C. R.
Remerciements : Alicia D., Cécile D., Phil A., Marine M., Sandra A., The Hours.



Crédits Photos : Phil Abdou http://www.flickr.com/photos/philippeabdou

Official Websites :

http://www.danblacksound.com

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5/05/2010

Boogers - En parfaite autarcie.

Pic : All rights reserved. Phil Abdou.

Live Report Boogers @ La Maroquinerie, avril 2010.


Artiste polyvalent à la personnalité décalée, Boogers, ou pour les plus familiers « Chacha », tient sa réputation de sa musique électro-rock samplée et de ses prestations scéniques dignes d’un One Man Show.


Personnage éclectique, il tire ses influences d’artistes divers tels que le groupe de punk-hardcore, Minor Threat, ou encore de l’excellent groupe de rock expérimental, dont la renommée n’est plus à faire, Radiohead. Après s’être exercé dans de nombreux groupes français en tant que batteur, guitariste ou chanteur, il prend finalement l’initiative de sortir un premier album en solo, In The Step, qui, à défaut d’avoir été remarqué, lui a permis de trouver une certaine stabilité musicale. Se renouvelant cette fois-ci dans un style plus pop-punk-electro, son deuxième album, As Clean As Possible, sorti en mars 2010 sur le label At(h)ome est sensiblement plus propre. Il garde, cependant, ce caractère impulsif et artisanal très significatif du travail de Stéphane Charasse (véritable patronyme de Boogers, ndlr). De passage à Paris à l’occasion de la sortie de son second opus, Boogers envahit La Maroquinerie, et joue ,ce soir là, à guichets fermés.

Après un passage éclair et étrangement inaperçu en première partie du groupe de power-pop, Piano Chat, les lieux sont pris d’assaut par une assemblée parisienne, triée sur le volet, visiblement impatiente d’apercevoir le « nouveau » phénomène actuel. C’est donc sous ces acclamations enjouées que Boogers prends ses marques sur scène. Le show débute avec l’impétueux « Anywhere » dont les accords de guitare sèche dynamiques en addition de la voix métallique de Stéphane ainsi que sa mystique boîte à rythme laissent le public dans l’incrédulité la plus totale. Force est de constater que cet homme érigé devant eux constitue à lui seul un groupe. Avec une audience plus que ravie de cette nouvelle découverte, les premiers applaudissement ne tardent pas à se faire entendre et c’est sous ces nouveaux encouragements qu’il poursuit son set en toute simplicité.

Introduisant quelques unes de ses chansons les plus connues, telles que l’entêtante « Talk To Charlie » ou bien « Lost My Lungs », Boogers invite implicitement le public à le joindre au chant. Les voix s’entremêlent ainsi dans ce qui semble résonner comme un hymne semi-national, empreint d’une énergie viscérale appelant au rassemblement. L’ambiance s’en ressent et devient presque instantanément teintée de mélancolie. Univers totalement ambivalent, version anglaise de Mickey 3D, il plonge ainsi la foule dans une atmosphère intimiste. A la limite du Showcase, l’évasion est des plus renversante. Armé de sonorités beatbox, de samples et d’une guitare overdrivée, Stéphane déploie une énergie considérablement impressionnante, relativement contagieuse, puisque les corps perdent en timidité et se voient improviser des danses incongrues.

C’est avec ironie et sans conteste une effective autodérision que l’on peut percevoir ses mots : « Un jour j’aurai tout, tout !». Non content de ses multiples aptitudes musicales, nous voilà désormais en présence d’un humoriste hors pair. Le public, mis habilement à son aise, partage ces échanges avec gaieté et c’est intuitivement que Boogers inscrit, à ce moment bien précis, ses morceaux les moins connus tels que « Get Up » et « The Devil ». Brandissant un drapeau à l’effigie de Jim Morrison, il semblerait que les beats électro n’aient pas laisser en reste la personnalité plus que rock’n’roll de Stéphane. Une certaine puissance communicative transparait alors tout au long du set et l’Encore se fait ressentir comme l’unique issue de ce concert. Satisfaction aussi tôt assouvie puisqu’il revient très rapidement en place afin de délivrer ses ultimes notes sur « Wanna Do » et « Hash Tray ». Le public outrageusement comblé temporise ainsi ses ardeurs et Stéphane peut s’estimer heureux de la performance accomplie.

Prochainement en concert à l’occasion du Festival Europavox à Clermont Ferrand et présent sur de nombreuses dates en France, il semblerait que Boogers se fasse une place de choix parmi les artistes français du moment. L’efficience de son talent n’est pas en reste, mais son inimaginable capacité à composer, jouer et performer en parfaite autarcie avec lui-même semblent être, de manière évidente, les ingrédients majeurs de sa réussite.



SETLIST :
ANYWHERE
PUT YOUR HEAD

PERFECT WEEL

I’M SORRY

LOST MY LUNGS

PROBLEME

TALK TO CHARLY

GET UP

THE DEVIL


Encore :

WANNA DO

HASH TRAY



Par C. R.
Remerciements : Phil A., At(h)ome.

Crédits photos : Phil Abdou. http://www.flickr.com/photos/philippeabdou

Official Website :
http://www.myspace.com/musicboogers

5/04/2010

Madina Lake INTW - Les Voies de l'ataraxie.




Pics : All rights reserved. Phil Abdou.



En perpétuel mouvement, l’histoire de Madina Lake s’inscrit dans les esprits par son authenticité et sa singularité. L’imagination et l’empirisme semblent être les moteurs principaux de cette légende à demi ésotérique réunie autour de Nathan Leone (chant), Matthew Leone (basse), Mateo Camargo (guitare) et Dan Torelli (batterie/ piano). Le groupe distille une musique pop-punk enivrante et punchy, sorte de synchronisation audacieuse de samples, de riffs et de beats bercée par la voix puissante et délectable de Nathan.

Repérés par Linkin Park pour participer au Projekt Revolution Tour en 2007 aux côtés de My Chemical Romance, Saosin et Placebo, entre autres, ils ont également arpenté les scènes du légendaire Warped Tour. Sillonnant les routes du monde entier depuis quelques années déjà, ils sont en constante évolution musicale et personnelle. Aristote disait que « Le doute est le commencement de la sagesse », et ce précepte semble avoir été parfaitement assimilé par les membres du groupe. À force de remises en questions incessantes, Madina Lake a su imposer son style et a réussi à atteindre une maturité fascinante. Leur principale motivation étant de procurer du plaisir et de partager ce pour quoi ils sont faits : la musique.

Résultant de l’inspiration fortuite de Matthew, le récit s’établit au milieu des années 50 dans la ville de Madina Lake dont le protagoniste, Adalia, disparaît mystérieusement. Outre la poursuite de cette histoire romancée, leur second album est axé sur la délivrance d’un message à base philosophique et spirituel. Emprunt d’originalité, les thèmes abordés tournent autour des expériences de la vie, des apprentissages que l’on peut en tirer et à quel point il est important de vivre le moment présent.

Après un brillant premier album, From Them, Through Us, To You, ils reviennent courant 2009 avec leur deuxième opus, Attics To Eden, enregistré en collaboration avec le producteur notoire David Bendeth (Paramore, Underoath, Killswitch Engage …). Renouvelant le genre, cet album est substantiellement plus abouti et universel. S’efforçant de gérer les contraintes de temps, ils ont su repousser leurs limites afin d’étendre leur créativité et délivrer un album dont ils puissent être fiers.

De passage en France après une tournée anglaise mémorable, les membres de Madina Lake s’installent à Glazart pour une unique date. Nous rencontrons en cette occasion Nathan et Dan, respectivement chanteur et batteur du groupe. C’est avec sympathie, humour et sagesse qu’ils reviennent sur la composition de leur album, les événements marquants qu’ils ont vécus ces dernières années et la façon dont ils envisagent l’avenir…


Votre deuxième album, Attics To Eden, prouve définitivement que la maturité s’acquiert avec l’expérience. Il est vraiment très différent de votre premier album, From Them, Through Us, To You. Qu’en pensez-vous ?

Nathan : C’était vraiment délibéré. From Them, était notre tout premier album. C’étaient les premières compos qu’on n’ait jamais écrites et on en était super fiers, mais je pense que les groupes ont besoin de quelques albums, tout du moins, pour pouvoir trouver leur identité. Je pense qu’avec Attics il n’y avait pas de primalité ou quoi que ce soit dans le genre. On avait décidé qu’on pouvait faire de la dance, de l’industriel, du métal, de la pop ou peu importe. Je pense que s’affranchir de ces barrières nous a aidés à trouver notre identité musicale.

Il y a vraiment beaucoup plus d’instruments et de composants sur Attics…

Nathan : Ouais c’est exactement ça !
Dan : From Them ressemblait à beaucoup d’autres choses déjà existantes. On trouve qu’il y a un tas de groupe qui enregistrent des albums super simples. On voulait vraiment faire quelque chose d’unique qui ne ressemblerait à personne d’autre que nous.

Cet album vous ressemble plus au final ?

Dan : Oui c’est certain ! Tous les éléments de Madina Lake sont présents.
Nathan : Ouais on est en train de grandir, on est un peu en pleine période de puberté… (rires)

Quels étaient les meilleurs moments que vous ayez vécu lors de l’enregistrement de votre album avec le célèbre producteur David Bendeth ?

Dan : Probablement quand on a enfin pu faire la fête quand tout était fini. (rires) C’était vraiment un album très dur à réaliser. David est très talentueux, mais c’est vraiment très difficile de bosser avec lui, il est vraiment très exigeant, voire sévère. Il ne laisse rien passer du tout. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose à la fois, mais c’était totalement différent de notre façon de bosser pour le premier album. On était détendu et on a relativement travaillé à la cool pour le premier, mais sincèrement David est un mec génial. Donc on peut dire qu’on a commencé à s’éclater quand l’album était fini.
Nathan : Non, mais c’était un peu la guerre chaque jour ! Puis vers 21h, on allait s’acheter une bouteille de vodka et après quelques négociations il nous laissait faire la fête et ça faisait vraiment du bien ! (rires)
Dan : C’est le genre de gars qui va hurler dans le micro et tout d’un coup tu vois les choses voler au travers de la pièce quand un truc ne lui plaît pas, puis trois heures plus tard il vient t’offrir un verre et il devient vraiment quelqu’un de différent. (rires)

Au final, vous êtes content de ce que vous avez accompli ?

Nathan : Tout à fait et comme je le disais, je pense qu’après un mois et demi en studio, et malgré l’enfer que ça a été, tout s’est absolument bien résolu donc oui c’est clair, on est super heureux.

Pensez-vous que David Bendeth vous a aidé à murir musicalement parlant ?

Dan : Oui je le pense. Il a porté à notre attention certaines choses auxquelles ont n’aurait jamais pensé auparavant. À travers des petites choses qu’il voulait apporter à nos chansons, je ne peux pas les citer spécifiquement, mais il nous a amenés à repousser nos limites pour faire en sorte que chaque partie de nos morceaux signifie quelque chose qui compte à nos yeux. C’était à base de questions, qui peuvent paraître idiotes sur le moment, comme « pourquoi est-ce que tu viens de jouer ça ? ». Bêtement je lui répondais « je ne sais pas » et il enchainait directement en me disant: «Hey ! Si tu ne sais pourquoi tu le joues, ne le fais pas ! » David voulait nous faire prendre conscience de ce qu’on jouait à chaque instant. Je pense très honnêtement qu’il a apporté ce petit plus à nos chansons.
Nathan : Je pense que pas mal de groupes se focalisent sur le refrain et ensuite il s’occupe des couplets, des intros et outros, des ponts, et toutes ces choses découlent les unes des autres. Mais avec David ça ne fonctionne pas comme ça. Pour lui tout est à améliorer ou à jeter. Les intros doivent être plus rapides et les ponts doivent être plus intenses. C’est peut-être l’une des choses avec lesquelles on a eu le plus de mal à composer, parce qu’on a vraiment eu peu de temps pour travailler et David était vraiment sans pitié avec la plupart de nos morceaux. (rires)
Dan : Oui, et c’est en cela que c’est super bizarre parce que c’est notre meilleur album. Pour le premier album, on a eu une bonne année pour bosser dessus parce que c’était avant que l’on parte en tournée et tout ce qui s’en suit. Pour le second, on a à peine eu deux ou trois mois pour le faire donc c’était un challenge énorme.



Les paroles sont bien plus métaphoriques sur cet album et l’approche est axée sur la spiritualité et l’universalité. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?

Nathan : Oui tout à fait ! J’adore ce point vu ! (rires) Je t’adore ! On est tous de grands lecteurs. On aime beaucoup lire, que ce soit des livres sur la philosophie ou sur la mafia, mais nos compos n’ont rien d’aussi fou ! (rires) Je pense qu’on a évolué de cette façon à cause des années que l’on a passées sur les routes en tournée, des choses que l’on a dû apprendre et par lesquelles on est passés. Ça a développé chez nous une approche très différente et bien plus philosophique de la vie. C’est ce que l’on a essayé de traiter et de développer sur Attics parce que toutes les épreuves qu’on a traversées et expérimentées nous ont profondément changés. Je suis passé par plusieurs phases dans ma vie, des moments très difficiles, et je pense que j’ai vraiment extériorisé tout ça grâce au lyrisme et aux textes que j’ai écrits sur cet album.

Est-ce que vous êtes passés par des phases difficiles au sein du groupe ?

Nathan : La plupart du temps c’est comme si on était tous membres de la même famille. On est les meilleurs potes au monde. Mais comme dans toutes les situations, quand tu bosses constamment avec les mêmes personnes et que tu vis quasiment avec eux, dans un Tour Bus ou en studio, ça devient un travail de tous les jours. C’est comme si j’étais marié à trois femmes à la fois ! (rires) Donc oui c’est clair que ça génère pas mal de stress, mais à la fin de la journée, on se connait assez et notre amitié est assez forte pour faire la part des choses, savoir ce qui est important, et laisser les autres broutilles de côté. (rires)

Ça veut donc dire que les liens que vous avez tissés sont vraiment solides !

Dan : Oui !

Nathan : Oui c’est exactement ça et c’est vraiment ce qu’on a réalisé après coup. C’est vraiment génial ! (rires)

Quel était le message que vous vouliez transmettre au travers de cet album ?

Nathan : Je pense que c’est relativement compliqué d’en choisir un seul. Quoi qu’il en soit, si je devais le faire je dirais que la vie est définie par la façon dont on perçoit les choses. Tu peux être misérable ou bien être agacé par n’importe quoi, mais c’est juste ton esprit qui te joue des tours. C’est tout simplement une question de point de vu et de la façon dont tu perçois et regardes les choses. Si tu y prêtes attention au moment précis où tu vis le truc, tu peux enfin les apprécier à leur juste valeur et quelques fois tu les aimes dix fois plus ! Je pense donc que le message principal, sur Attics To Eden, est de vivre le moment présent et de le faire aussi pour les pires expériences de ta vie et de les apprécier pour ce qu’elles t’apportent ou ce que tu en as tiré. La musique et la vie sont des domaines très subjectifs. Tu as le droit d’être qui tu es, d’avoir tes propres opinions, d’aimer ce que tu as envie d’aimer et de détester ce qui te rebute. Et si jamais tes potes ne sont pas d’accord, ce n’est pas grave, il n’y a pas de soucis ! Enfin, je suppose ! (rires)

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur le processus de création de Friends & Lovers qui a été composée sans l’aide des guitares ?

Nathan : On tente tout le temps de repousser nos limites et de développer notre sens créatif. C’est un peu comme ça avec notre batteur Jeezi (Dan Torelli, ndlr). C’est notre batteur bien évidemment, mais il joue aussi du piano. Donc il peut venir et écrire des partitions au clavier ou au piano et ainsi on peut essayer de créer une chanson. C’est comme ça qu’on en a crée une juste lui et moi. On a commencé avec le clavier et les voix et Matéo a ajouté des programmes, sans guitares.
Dan : C’est important de préciser que tous les membres de notre groupe se focalisent sur l’importance du résultat final du morceau. C’est pas comme si on était pas consentant ou quoi que ce soit d’autre et que ça représentait un énorme sacrifice pour nous. Sur notre premier album, il y avait déjà un morceau sans ajout de batterie et je veux dire par là que c’est bon je ne vais pas faire une crise parce que je ne joue pas de batterie sur ce morceau. Matéo s’en fout s’il ne joue pas de guitare non plus. Si cela apporte un plus à la chanson, ça ne nous dérange absolument pas de nous mettre à l’écart. On ne va pas se prendre la tête pour des questions d’égo ou je ne sais quoi…

Revenons sur un autre morceau, Statistics. Est-ce que cette chanson a été écrite par rapport à l’une de tes ex ou est-ce que la réflexion est beaucoup plus générale ?

Nathan : Je pense qu’on peut le prendre dans les deux sens. Dans mon cas, c’était écrit à propos d’une fille dont je n’arrivais pas à me détacher du tout et je faisais une sorte de blocage psychologique… Aussi parfaites que les choses puissent être dans une relation de couple quelquefois ça en devient maladif et on est tous passés par là à un moment donné. On pourrait comparer ça au fait que des fois il y a 99,9 % des choses qui te disent que tu fais les mauvais choix que tu te trompes de chemin, mais il reste toujours ce 0,01 % qui te retient enchaîné à la personne.


Not For This World évoque l’idée que nous devrions profiter de chaque instant, des possibilités qui nous ont été offertes et faire quelque chose auquel nous croyons. Dans ce morceau, tu chantes "Stand For Something" et ça résonne un peu comme une devise, non ?

Nathan : Je veux dire que c’est relativement facile de s’aveugler et de suivre la masse. Tu sais, il y a cette sorte de théorie statistique et philosophique du 86/14. Il y a 86 % des personnes qui veulent être dirigées et 14 % des gens qui veulent diriger. Je ne sais même plus d’où ça provient…

D’où est-ce que tu sors ça ?

Dan : C’est supposé s’appliquer à tous les aspects de ta vie. Il y aurait d’un côté les gens qui veulent diriger et de l’autre ceux qui souhaitent suivre. On a dû lire ça dans un livre où il découpait le Monde en 86 % et 14 %. Ce serait toujours ce même quota qui s’applique dans tous les différents domaines de la vie.

C’est super strict comme jugement !

Nathan : Je pense que ce 14 % devrait être un 100 % ! Yeah (rires). Donc je pense que derrière cette chanson il y a une sorte d’issue, puisque ça c’est avéré être le cas pour moi-même…

Qu’est-ce qui vous révolte dans la vie de tous les jours ?

Nathan : Si on parle en termes religieux… Prenons la religion comme exemple. Je ne vais pas ouvrir le débat, car c‘est un peu risqué, mais si tu as un certain passé religieux, peu importe lequel, mais prenons la chrétienté… Si c’est ton cas OK, mais forcer les autres à le devenir… Ça ne délivre aucun sens ou message auxquels je peux croire. Je pense que la plupart des problèmes dans le monde sont engendrés par ce genre de mentalité, cette façon étroite de penser que « Tu dois croire en ce que je crois ! », « Tu dois faire ci et ça ». Tu fais ce que tu veux et ce n’est pas pour autant que je vais te juger. Peu m’importe. Tu fais ce que tu veux, mais si tu me juges ne t’étonnes pas si ça me passe par-dessus la tête.

L’histoire de Madina Lake était supposée être délivrée sous trois albums et un livre. Attics To Eden est votre second album, est-ce que vous travaillez déjà sur le troisième ?

Nathan : Toute l’histoire a déjà été écrite. Musicalement, on est tout juste en train de commencer. On a la fin et ça nous trotte en tête depuis pas mal de temps. C’est juste une question de temps avant que l’on puisse assembler le tout.

Quand rentrez-vous en studio ?

Dan : Probablement cet été je pense. N’est-ce pas ?
Nathan : Ça va nous prendre pas mal de temps cet été pour composer et enregistrer et on sera certainement de retour après ça.

Qu’en est-il de votre livre ? Je n’ai jamais pu en lire une seule ligne ! (rires)

Nathan : Vraiment ?! C’est en ligne pourtant.
Dan : Je suppose que ça doit être sur notre site internet. Il y a déjà les deux premières parties, From Them, Through Us, To You et Attics To Eden.
Nathan : On avait décidé dès le départ que lorsque le troisième album serait fini on sortirait un livre un peu plus tangible de manière officielle. Mais de ce que je me rappelle, les deux premières parties sont déjà en ligne quelque part.
Dan : On devrait en mettre un peu plus sur le site officiel, c’est ce que les gens me réclament en général…

Et en ce qui concerne votre quatrième album, vous allez donc être obligés de troquer le nom de votre groupe ? (rires)

Nathan : Non, je ne pense pas. (rires) On ne changera jamais de nom, mais on va certainement se diriger vers quelque chose de différent.

Ainsi, l’histoire de la ville de Madina Lake s’arrêtera là ?

Nathan : À ce moment-là, oui on en aura fini. On poursuivra vers un angle créatif différent ou sinon on sortira des morceaux en addition des albums parce que je pense que les CDs sont vraiment démodés. Maintenant, et c’est vraiment dommage, lorsque tu sors un album, sur les quatorze morceaux qui te tiennent vraiment à cœur, les gamins n’en écoutent que les deux ou trois premiers, et de toute façon, ils les mettent en « aléatoire » sur leur Ipod. Et à ce moment là tu te dis : « C’est quoi le problème ? »


Vos clips ont toujours ce punch et cette énergie particulière, avez-vous un réalisateur avec lequel vous aimez travailler ou est-ce que vous en changer relativement souvent ?

Nathan : On n’a jamais retravaillé avec un réalisateur. On a changé à chaque fois et aujourd’hui encore je ne pense pas que l’on puisse trouver une sorte de réalisateur favori, mais on reste à l’affut.

Est-ce que vous vous impliquez personnellement dans la réalisation de vos clips ?

Nathan : Jusque là non, mais quand on sera prêts pour le prochain album on va s’y intéresser de plus près et on commencera à ce moment-là.

Quelles sont vos influences musicales ?

Dan : Je pense que musicalement parlant on a eu les mêmes influences. On a tous évolué et grandi ensemble dans le même domaine musical, comme tout ce qui se faisait au début des années 90, les Smashing Pumpkins, Nine Inch Nails

Yeah NIN !!!

Dan : Ouais quand tu es en pleine période d’adolescence, ça te fait forcément grande impression. On a donc tout ça en commun et je pense que ces quelques artistes que j’ai cités se reflètent dans notre groupe, du point de vue philosophique et émotionnel des choses… Je veux dire par là que nous nous inspirons musicalement de tout ce qui est relié à l’art ou à la nature ou encore des tas d’autres choses dans le genre. On s’est vraiment sentis passionnés par toutes les choses qui se passent dans le monde, ça a agi comme un fil conducteur, et c’est un peu ça le message caché de nos albums. Ce n’est pas comme si on avait écouté un nouveau groupe et qu’on s’était forcé à faire quelque chose d’approximativement identique. Tu vois ce que je veux dire ? C’est juste toute la frustration que l’on a pu accumuler pendant des années de tournées à travers le monde qui s’est transformé en autre chose. C’est devenu une motivation suffisante pour sortir un album qui signifiait quelque chose pour nous et pour les autres.

Quel est le meilleur show auquel vous êtes allés ?

Nathan : Primus à Chicago est l’un des miens. Ils ont joué à l’Arrogant il y a 6 ans à peu près et c’est vraiment l’un des meilleurs concerts auxquels j’ai assisté.
Dan : J’ai vu Nine Inch Nails et David Bowie. Ils étaient en première partie de David Bowie et c’était vraiment incroyable. Trent Reznor a débarqué sur scène pendant le show de David Bowie, et David a dit « On va faire une chanson ensemble », genre ils allaient chanter tous les deux sur la même scène ! C’est vraiment le concert le plus incroyable que je n’ai jamais vu de ma vie !

Par la même occasion, est-ce que ça vous fait plaisir de jouer à Paris ce soir ?

Dan : Tellement !
Nathan : Oh mon Dieu ! J’entends par là que c’est un rêve devenu réalité ! J’en parlais à mon père hier au téléphone et il me disait : « Mec rends toi compte, tu vas jouer à Paris ! » C’est vraiment génial et nous sommes les personnes les plus chanceuses que je connaisse ! Et surtout, on vous en est très reconnaissant !



Par C. R.


Remerciements : Phil A., Marine M., Stern Music, N.


Crédits Photos : Phil Abdou. http://www.flickr.com/photos/philippeabdou


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