5/04/2010

Madina Lake @ Glazart, Paris.

Pics : All Rights Reserved. Phil Abdou.

Originaire de Chicago, Madina Lake nous fait l’honneur de jouer en France après une absence remarquée de près de deux ans. Revenant tout juste du Royaume-Uni, après de nombreuses dates riches en émotions, le groupe poursuit son impressionnante tournée européenne en passant par Paris.

Unique date française, leur venue était providentielle et c’est sans doute grâce au savoir-faire et à l’ingéniosité d’Only Talent Production que nous disposons de ce privilège. En pleine commutation, ils ont récemment quitté le prestigieux label RoadRunner et sont actuellement en phase de négociations avec plusieurs majors.

Affranchie de toutes contraintes, une atmosphère de renouveau plane autour du groupe et c’est sous ces nouveaux auspices qu’ils investissent la scène du Glazart. Cette fois-ci, ils sont accompagnés de deux premières parties : Kipling groupe français tout droit inspiré de Thrice, et Young Guns, groupe de rock alternatif anglais dont l’ascension est fulgurante. N’ayant besoin d’aucun esthétisme rutilant ou singulier pour dispenser un show de qualité, les membres de Madina Lake trimballent toujours avec eux un éclairage lumineux très 70’s à leur nom. Astucieusement, ils contrecarrent ainsi les moyens visuels souvent limités des salles de concert sans pour autant user d’artifices outranciers.


C’est en débutant le concert avec une exclusivité live, l’intro Scorched Earth, que les membres du groupe prennent doucereusement place sur scène. Vêtus d’un blanc quasi immaculé, Matthew, Matéo et Dan s’installent respectivement derrière leurs instruments. C’est ainsi que les premières notes de Never Take Us Alive retentissent jusqu’au fond de la salle. Issu de leur dernier album Attics to Eden, et très apprécié du public, ce morceau représente sans conteste la meilleure entrée en matière pour présenter leur nouvel opus. La venue temporisée sur scène de Nathan ne fait qu’accentuer l’euphorie d’une assemblée impatiente et surexcitée. Entièrement vêtu de noir et bondissant dans tous les sens, le chanteur rejoint enfin le groupe et entonne ses premières paroles. Ensemble, ils s’apprêtent à insuffler leurs excellentes vibrations musicales à une salle investie en masse par leurs fans français.

Poursuivant avec les titres phares de From Them, To Us, To You, tels que Adalia, One Last Kiss ou encore l’éminent House Of Cards, beaucoup plus orienté dans un style post-hardcore et rock alternatif, Madina Lake amène le public à se retrancher derrière une frénésie presque palpable. Vient ensuite l’opulent Let’s Get Outta Here, hymne revendiqué de leur dernier album. Pourtant, c’est avec Statistics, nouveau single radio en Angleterre, que le mouvement est lancé. Ce morceau dynamique et intense, dont les lignes de basses très « groovy » agissent tel un leitmotiv, attise ce soir-là une assemblée parisienne des plus enflammée.

Stars arrive tout juste en milieu du set telle une bouffée d’air frais et ses paroles mélancoliques associées à la divine voix claire de Nathan accentuent la musique de manière idyllique. Manquant de chavirer sur un Pandora plutôt médiocre et irritant, le groupe commence à s’essouffler. Pressés par le temps, la setlist est remaniée à la dernière minute, laissant au passage un sentiment d’inachevé. Malgré des conditions peu propices à l’expansion personnelle, le leader du groupe, Nathan, se sent assez confiant et proche de son audience parisienne pour évoquer ses moments difficiles, comme l’arrêt définitif de sa prise d’antidépresseur, et se permet d’insister sur l’importance de vivre le moment présent. Le public, vraisemblablement peu anglophone, prête une faible attention à ces confidences résolument touchantes et sincères, sans en saisir complètement le sens.



C’est donc sans ménagement que le groupe relance la machine avec Welcome To Oblivion, Not For This World et Legends. La salle intime du Glazart se voit ainsi transformée peu à peu en un lieu de festivité privilégié et convoité. Ponctuant leur set, mixe idéalement hétéroclite de leurs deux albums, avec le fameux Here I Stand et le titre instrumental Lila, The Divine Game, le groupe achève ainsi sa prestation.

La récente autonomie du groupe a sans conteste été un facteur essentiel dans la réalisation d’une véritable performance scénique. Malgré quelques aléas, et en restant fidèles à eux-mêmes, ils ont laissé derrière eux une empreinte particulière, un sentiment satisfaisant de bien-être qui entoure à présent les lieux. Ayant terminé leur tour en Europe, le groupe s’oriente désormais vers un troisième album, ultime épisode de leur histoire, et sortira très certainement un livre autour de ce phénomène. Présents cet été sur de nombreux festivals européens, cette échéance apparaît dès lors comme la continuité évidente d’un parcours atypique. Les membres de Madina Lake démontrent ainsi, et ce, de multiples façons, que sagesse, sincérité et talent sont les voies les plus aisées de la prospérité.


Par C. R.
Remerciements : Phil A., Stern Music, et N.
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